Myriam ERRERA la vie ôtée à 18 ans parce que Juive

Myriam est née à Libourne le 26 mars 1926, elle est la fille de Léonce ERRERA et d’Henriette née Chaillat. Elle est aussi, la sœur aînée de 2 ans, d’Henri ERRERA son frère.

La petite Myriam fréquente l’école élémentaire du Nord, poursuit sa scolarité au collège attenant.

L’école actuelle porte son nom depuis janvier 2019. Myriam est sportive et pratique la gymnastique au club libournais : Pro-Patria.

Elle réside avec ses parents au 89, avenue de Verdun à Libourne. Ses parents tiennent un banc de confection et font les marchés de la ville et ceux des environs.

Henriette ERRERA la mère

     Léonce ERRERA le père

Mais l’occupation par les forces allemandes les pénalise beaucoup à cause de nombreux interdits. Cette famille, puis celles proches (grands-parents, oncles, tantes etc.), sont soumises aux lois anti-juives promulguées par Vichy : déclaration de leurs biens, interdiction de travailler, de fréquenter certains lieux publics, et surtout obligation de porter l’étoile jaune à partir de 6 ans (loi du 26 mai 1942), cartes d’identité et alimentaires visées par tampon (Juif/Juive).

La situation dans les pays de l’Est d’où étaient originaires nombre de familles faisait naître quelques inquiétudes.

10 janvier 1944 : la nuit tombe, il est 20 h 30, le souper vient de s’achever. De grands coups sur la porte, des soldats allemands portant armes à la ceinture entrent, fouillent la maison et viennent chercher Mme Gilberte DAGUET la mère et ses 2 filles Blanche (1933) et Josette (1940) pour les emmener à la prison de Libourne. Heureusement le père est parti chez les voisins écouter la BBC (père de confession : catholique).

Un voisin du quartier travaillant à la sous-préfecture les avaient prévenus d’une possible rafle, mais ils étaient restés chez eux ne sachant où aller. Myriam l’aurait aussi appris à l’école.  

L’angoisse, l’urgence, la peur les tenaillaient surtout la mère.

Arrivées à la prison, elles  y ont retrouvé, Myriam, sa mère et sa grand-mère (la grand-tante de Josette MELINON).

 

 Le frère de Myriam, Henri, qui s’est échappé par l’arrière de sa maison dès les premiers coups donnés sur la porte,  s’est engagé par la suite dans la résistance.

Myriam n’était pas une inconnue pour les habitants libournais, elle était parente avec Blanche et Josette MELINON et avaient en commun Isidore TORRES et Berthe ALVAREZ les arrières grands-parents.

à gauche Josette, Camille TORRES la grand-mère et Blanche sœur de Josette

Monsieur DAGUET le père de Josette et Blanche, a procuré les certificats de baptêmes  de sa mère et de ses 2 filles en prouvant leur appartenance  à la religion catholique et ce depuis 7 générations.

Blanche et Josette purent ainsi quitter la prison le 12 janvier 1944.

   les 2 sœurs aujourd’hui

Mais hélas Mme DAGUET, la grand-mère, tantes et cousine Myriam montèrent dans un train venant de Bordeaux qui, après l’arrêt à Libourne, se dirigea vers Paris-Austerlitz. Ensuite direction Drancy par les bus.

Le 3 février 1944, Myriam et les femmes de la rafle du 10 janvier 44 furent dirigées vers Auschwitz par le convoi 67.

                                la lettre de Léonce ERRERA depuis Drancy

La mère de Josette et Blanche, mariée à un catholique, ses  2 enfants baptisés, échappa à ce funeste sort et fut affectée au personnel médical de l’hôpital Rothschild à Paris le 1er mai 1944, jusqu’à la libération.

En avril 1947 elles reçurent le certificat de décès de la grand-mère Camille TORRES et celui de Myriam datés du 8 février 1944.

La genèse de toutes ces recherches  a pour origine une sortie de classe. En effet, en 2004, la 3éme du collège « des Dagueys » de Libourne  se rendit à une exposition sur les enfants juifs morts en déportation. Y figurait la photo de Myriam, légendée ainsi « Myriam ERRERA née le 26/3/1926, demeurant à Libourne 89 avenue de Verdun » ; les élèves ,curieux, demandèrent à leur professeur :Alain CHARLIER, qui les accompagnait, si la famille de Myriam existait encore.

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Recherches entreprises dans la population de la ville : qui a connu la famille ERRERA ? Recueil de témoignages, de photos et de récits anecdotiques. Découverte de l’existence de Josette et Blanche.

Josette MELINON petite cousine de Myriam a contacté des neveux pour étoffer les détails de la vie de Myriam en récupérant photos, pièces d’identité lettres etc, ce qui lui a permis de grossir les dossiers qu’elle détenait sur la déportation.

      Josette MELINON

Nb : 16 personnes arrêtées à Libourne, dirigées vers Drancy puis Auschwitz par le convoi 67.Dans ce convoi 1214 déportés dont 184 enfants (y compris 4 bébés de moins d’1 an), 662 hommes, 552 femmes dont Myriam. Seulement 43 en reviendront en 1945.

Chaque 10 janvier, Libourne rend hommage à Myriam ERRERA, depuis le 10 janvier 2019 l’école du Nord  a pris le nom de : ECOLE MYRIAM ERRERA.

Josette lors d’une manifestation

Depuis 9 « stolpersteine » sont visibles devant l’ancienne maison de chaque déporté libournais.

L’Association Souvenir de Myriam ERRERA de Libourne a pour projet de continuer la pose des STOLPERSTEINE1 afin d’honorer tous les Déportés libournais.

La dernière cérémonie date du 10 janvier 2023.

 

NDLR : article rédigé grâce aux documents fournis gracieusement par Mme Josette MELINON2 la petite cousine de Myriam. Je remercie cette personne, témoin direct, avec qui j’ai eu la chance d’échanger quelques propos.

 

NOTES :

     1°) (pluriel de Stolperstein) pavé en métal ou béton de 10/10 cm incrusté dans le sol, devant la demeure de la victime. Sur la face visible, en laiton, sont inscrites les caractéristiques de cette victime du nazisme.

     2°) qui est présidente de l’Association « souvenir de Myriam Errera »,

           Site Web: « souvenirdemyriamerrera.fr »

             

           

 

 

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