Un peu d ‘histoire.

A ceux qui se posent la question, pourquoi les Alsaciens (surtout les anciens) s’obstinent ils Ă  vouloir rester une rĂ©gion Ă  part entière.

Ce qui est relatĂ© ci-dessous n’est pas de la fiction, mais la rĂ©alitĂ©. Je ne suis pas nostalgique Ă  ces sombres pĂ©riodes. Au contraire ! Mais, aux Français qui ne connaissent pas notre histoire, il faut la leur faire dĂ©couvrir en quelques lignes.

Nos parents ainsi que nos grands-parents se retrouveront dans ce récit.

En mémoire pour eux.

Histoire cachĂ©e de l ‘ Alsace et de la Moselle.

L’actualitĂ© rĂ©cente de la rĂ©forme territoriale, soulève de vives tensions en France et plus particulièrement en Alsace.

La France donne des leçons de patriotisme aux Alsaciens !

L’histoire de l’Alsace est entachĂ©e par de multiples exactions de la part de la RĂ©publique Française. .

Je commence simplement en 1870, sans développer les drames de la révolution française et le massacre lorrain de la guerre des paysans, sujets que je ne maitrise pas assez.

En 1871 NapolĂ©on III perd la guerre qu’il mène contre la Prusse.

S’ensuit un armistice et le TraitĂ© de Francfort oĂą l’Alsace et la Moselle ont Ă©tĂ© donnĂ©es Ă  l’Allemagne Ă  la suite de nĂ©gociations.

On a nĂ©gociĂ©, et offert l’Alsace-Moselle, contre leur grĂ©, Ă  l’Allemagne, en Ă©change d’avantages.

La France nous a « vendus » Ă  l’Allemagne. C’est suite Ă  un vote de l’AssemblĂ©e Nationale, QUASI-UNANIME, que nos dĂ©partements sont devenus allemands.

Pour la petite histoire, quand nos trois dĂ©putĂ©s sont sortis de l’AssemblĂ©e Nationale dans l’indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale, parce qu’ils n’Ă©taient plus français, un seul dĂ©putĂ© a pris la peine de se lever pour les saluer.

Alsace et Moselle sont alors restées 47 ans allemandes.

Tout Ă  fait logique donc que l’Alsace, qui Ă©tait germanophone autant que francophone !!!!! dĂ©jĂ  avant 1870, se soit progressivement sentie allemande, tout comme elle se sent ( hum ) aujourd’hui française.

De la première à la seconde guerre mondiale.

Puis arrive la guerre de 14-18. LĂ , comme les poilus, les alsaciens et les mosellans, se battant pour l ‘ Allemagne, dĂ©couvrent l ‘ horreur de la guerre des tranchĂ©es entre autres au Hartmannswillerkopf (le Vieil Armand, « la mangeuse d ‘ hommes »).

La plupart des alsaciens qui y sont morts, sont morts sous les balles françaises.

Si on nous a accueillis Ă  bras ouverts pendant quelques jours, la rĂ©alitĂ© a très vite changĂ© et on nous a fait payer cher d’avoir Ă©tĂ© allemands (pourtant, c’Ă©tait la France qui nous avait abandonnĂ©e et vendus Ă  l’Allemagne).

A cette Ă©poque-lĂ , la France a commis d’innombrables exactions, pour franciser brutalement les( en plus ) territoires retrouvĂ©s.

On a classĂ© par exemple les habitants de l’Alsace-Moselle en diffĂ©rentes catĂ©gories, en fonction de leur degrĂ© de germanisme, et qui Ă©tait marquĂ©e sur leur carte d’identitĂ©. Je vois lĂ  une certaine analogie avec l’Ă©toile jaune qu’on a fait porter aux juifs, plus tard.

Ceux qui faisaient partie de la pire « race » (tiens, tiens ..), la catĂ©gorie D, ont carrĂ©ment Ă©tĂ© expulsĂ©s vers l’Allemagne, mĂŞme s’ils Ă©taient nĂ©s en Alsace.

Ça s’appelle de l’Ă©puration ethnique !

Pour ceux qui ont eu l’honneur de rester en France, le pays des droits de l’homme et du citoyen, et qui s’est battu pour nous sauver de l’oppression allemande, ils ont connu une vĂ©ritable politique visant Ă  arracher tout ce qu’il y avait en eux qui pouvait rappeler un quelconque germanisme.

Il fallait faire d’eux des parfaits petits Français,!!!!!!!!!! sur le modèle parisien.

La seconde guerre mondiale :

On arrive en 1939-40, le plus gros traumatisme commence.

Les civils alsaciens et lorrains sont Ă©vacuĂ©s vers le sud-ouest de la France, oĂą ils sont souvent très mal accueillis parce qu’on les considère allemand (les boches et les “Yaya”).

La guerre Ă©clate, l’ArmĂ©e Française fuit et oppose très peu de rĂ©sistance Ă  l’envahisseur, ce qui déçoit Ă©normĂ©ment les Alsaciens par rapport Ă  la France valeureuse qu’on leur a vantĂ©e depuis 1918 Ă  grands coups de propagande.

Revenant sur leurs terres, ils constatent le fait accompli, l’annexion se rĂ©parait.

Cet Ă©pisode vaut aujourd’hui encore le surnom de « HĂ sebock » (lièvre) au reste des Français, de la part des Alsaciens et des Mosellans, parce que l’ArmĂ©e Française avait dĂ©talĂ© comme des lièvres, devant la Wehrmacht allemande.

Quelques mois après, la France n’a montrĂ© aucune rĂ©ticence Ă  laisser les Allemands “” rĂ©-annexer “” Alsace et Moselle, ce qui apparait pour les Alsaciens et les Mosellans comme un nouvel abandon.

Seuls une fois de plus, les Alsaciens ont donc dû vivre occupés, dans des conditions bien pires que le reste de la France.

Il leur Ă©tait par exemple interdit de parler français ou alsacien, un avantage pour nous d’avoir trois langues , pour ceux de mes annĂ©es de naissance .

On avait notre camp de concentration rien que pour nous : le Struthof et le camp de Schirmeck, en allemand “Sicherungslager Vorbruck-Schirmeck”, qui fut un camp de “rĂ©Ă©ducation” tristement cĂ©lèbre, oĂą tant d’Alsaciens ont sĂ©journĂ© parce qu’ils ont osĂ©, Ă  un moment ou Ă  un autre, se montrer hostiles au rĂ©gime nazi.

Il Ă©tait destinĂ© aux Alsaciens et Mosellans rĂ©fractaires au rĂ©gime nazi, hommes et femmes, ainsi qu’aux reprĂ©sailles sur les familles.

En 1943, 100 000 alsaciens et 30 000 mosellans sont enrôlés de force dans la Wehrmart et dans la SS. Ceux qui prétendent que les SS étaient tous volontaires se trompent donc également.

Cet enrĂ´lement a fait, malheureusement, participer 13 d’entre eux au massacre d’Oradour, un 14ème, qui a Ă©tĂ© reconnu volontaire dans la SS, a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©*, tandis que les 13 autres ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une amnistie.

*(Erreur :Mort le 25 septembre 2015 Ă  VĂ–LCKLINGEN / Sarre en Allemagne )

Oui, ce qui s’est passĂ© Ă  Oradour est d’une horreur terrifiante, un crime de guerre, une honte inqualifiable. Mais entre des phrases du type « De toute façon, la plupart des malgrĂ©-nous Ă©taient des volontaires » et la rĂ©alitĂ©, il y a un fossĂ© abyssal et c’est pourtant ce qui prĂ©vaut trop souvent en France.

Dois-je rappeler que la plupart des “malgrĂ©-nous” Ă©taient envoyĂ©s sur le front russe, que s’ils refusaient de servir dans l’ArmĂ©e allemande, ils Ă©taient fusillĂ©s, et leur famille tout entière pouvait l’ĂŞtre, ou au mieux, internĂ©e au Struthof en reprĂ©sailles ?

Parmi les hĂ©ros qui ont essayĂ© de se rendre aux russes, la plupart Ă©taient exĂ©cutĂ©s sur le champ parce qu’ils Ă©taient incapables d’expliquer leur situation aux soldats russes.

Dois-je rappeler aussi que pendant que la France fĂŞtait sa victoire, 18 000 malgrĂ©-nous Ă©taient retenus prisonniers dans des conditions Ă©pouvantables (on parle d’une ration alimentaire journalière deux fois moins calorifique qu’Ă  Auschwitz) jusqu’en 1955 ?

Dix ans de captivité dans des camps de concentrations alors que le reste de la France a connu moins de 5 ans de guerre.

Dois-je rappeler encore que ce sont les autoritĂ©s françaises qui insistaient auprès de l’URSS pour que ces prisonniers ne soient pas libĂ©rĂ©s, Ă©vitant ainsi de produire des tĂ©moignages nĂ©gatifs sur le communisme ?

La rĂ©publique française prend grand soin de censurer cette rĂ©alitĂ©, comme beaucoup de pages sombres de l’histoire française, en ne la faisant pas figurer dans ses ouvrages scolaires ou alors très peu.

Il est très facile de critiquer les “malgrĂ©-nous” en 2014, dans une France en paix, derrière son ordinateur.

Moi je n’ai pas la prĂ©tention de pouvoir affirmer avec certitude que j’aurais tentĂ© quelque chose d’hĂ©roĂŻque pour me rĂ©volter, si j’avais Ă©tĂ© Ă  leur place. Après la guerre, on pouvait penser que c’Ă©tait la fin des problèmes pour les alsaciens, mais non ! La rĂ©intĂ©gration Ă  la France s’est faite aussi dans la douleur !

Depuis 1945, la France essaie Ă  nouveau de nous franciser pour nous fondre dans la masse (comme les troufions en AlgĂ©rie), n’ayant pas compris sa grossière erreur de l’entre- deux guerres. Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui, la France a pratiquement rĂ©ussi Ă  faire ce que l’Allemagne nazie n’avait pas rĂ©ussi Ă  faire de nous: anĂ©antir notre identitĂ© (moins de 3% des moins de 17 ans Alsaciens comprennent encore leur langue rĂ©gionale, la quasi-totalitĂ© d’entre eux ignorent partiellement ou totalement les faits historiques.)

J’aime cette Alsace des vallons, des plaines, des montagnes et des petits recoins qui ne se retrouvent dans nulle autre rĂ©gion française.

J’aime Strasbourg, avec ses quartiers si diffĂ©rents et si riches de cĹ“urs gros, fiers d’appartenir Ă  cette mĂ©tropole chargĂ©e d’Histoire.

Et surtout, j’aime les Alsaciens car ils ne ressemblent Ă  personne.

Ce sont des dizaines de nationalitĂ©s qui ont creusĂ© cette terre et pourtant tous ceux qui restent en Alsace l’aiment et la dĂ©fendent.

Qu’est-ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes ? Notre gĂ©ographie bien sĂ»r, mais d’abord notre Histoire.

Aujourd’hui, un prĂ©sident de gauche veut dĂ©finitivement rendre notre rĂ©gion “normale”. Monsieur Hollande, puisqu’il s’agit bien de vous, il y a dĂ©jĂ  quelque mois, Jean-Luc MĂ©lenchon, votre ancien ami et votre futur alliĂ© demandait la suppression du Concordat.

Je lui avais Ă©crit mon opposition. Il n’a jamais daignĂ© me rĂ©pondre. Peut-ĂŞtre un dĂ©putĂ© alsacien de la RĂ©publique ne mĂ©rite pas qu’il s’abaisse Ă  cela.

Aujourd’hui, vous voulez inscrire la loi de 1905 de sĂ©paration des Eglises et de l’Etat citĂ©e en son article 1. Cela ne laisse aucun doute sur votre objectif : vendre l’histoire de l’Alsace Ă  une alliance Ă©lectorale avec cette extrĂŞme gauche qui a toujours haĂŻ les Alsaciens parce qu’ils sont profondĂ©ment modĂ©rĂ©s, rĂ©publicains, dĂ©mocrates et travailleurs.

Sachez, Monsieur Hollande, que si vous ne l’ĂŞtes pas, nous, nous sommes lucides sur les consĂ©quences de votre choix.

La suppression des textes dit concordataires, malgrĂ© la bonne volontĂ© de mon collègue dĂ©putĂ© socialiste de Strasbourg, sera le premier Ă©chelon d’un engrenage fatal.

Au nom de l’Ă©galitĂ©, il faudra supprimer bientĂ´t aussi le droit local, le bilinguisme et, enfin, le rĂ©gime local de la sĂ©curitĂ© sociale d’Alsace-Moselle (seul non dĂ©ficitaire en France !)

Est-ce de l’exagĂ©ration de ma part ? Malheureusement, je ne le crois pas !

C’est en partie sur ces acquis de l’histoire que notre rĂ©gion a bâti sa richesse, ses universitĂ©s, qu’elle a pu accueillir les entreprises Ă©trangères conscientes de tous ces avantages qui permettent le maintien de la cohĂ©sion sociale.

Soyez conscients que les Alsaciens et les Mosellans ne vous suivront pas.

Nous les Alsaciens, avons un cœur mais aussi une tête.

Elle est bien faite et vous ne la couperez pas aussi facilement.

Ceci vaut aussi pour Monsieur MACRON. !!

 

Jean-Philippe MAURER, député du Bas-Rhin

Alsaciens et Mosellans, ne vous laissez pas faire, et défendez les idées de ce député (et aussi les vôtres !) en transférant ce courrier à tous vos contacts .

Aller au contenu principal