Louise Marie Henriette Jeanne de Bettignies, née le 15 juillet 1880 à Saint-Amand-les-Eaux, est la 7ème des neuf enfants d’une grande famille du Nord. Eduquée chez les jésuites, elle étudie ensuite en Angleterre, et elle découvre une société où les femmes sont plus émancipées.

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Elle décide, dès l’invasion allemande de Lille en octobre 1914, de s’engager dans la résistance et l’ espionnage sous le pseudonyme d’Alice Dubois, employée d’une société d’import-export en France libre. Mgr Charost, évêque du diocèse de Lille lui demande d’emporter vers la France libre le tout premier document secret.

            Elle fait un stage à Folkestone où elle s’initie en quelques jours au rudiment de l’espionnage. Polyglotte (français-anglais-allemand-italien), puis, elle dirige depuis son domicile de Lille un vaste réseau de renseignements dans le Nord de la France pour le compte de l’armée britannique et de l’Intelligence Service.

            Avec son amie et bras droit Léonie Vanhoutte, elle centralise des informations sur les opérations de l’armée allemande qui, via la Dame blanche, réseau de renseignements de Walthère Dewé constitué en Belgique, sont transmises aux Britanniques par les Pays-Bas restés neutres. On estime qu’elle sauve la vie de plus d’un millier de soldats britanniques pendant les 9 mois de sa pleine activité (janvier à septembre 1915)

            Son réseau, le réseau Alice d’une centaine de personnes signale le jour et l’heure de passage à Lille du train impérial transportant le kaiser Guillaume II en visite secrète sur le front. Lors de l’approche de Lille, deux avions anglais bombardent le train, mais manquent leur cible.

             L’un des derniers messages de Louise de Bettignies annonce la préparation d’une gigantesque attaque allemande pour début 1916 sur Verdun. L’information est relayée au commandement français, mais celui-ci refuse d’y croire.

            Le 20 octobre 1915, Louise de Bettignies se rend à Bruxelles, au poste de Froyennes, près de Tournai, elle doit prendre le train. Ce jour-là, la garde allemande fouille toutes les femmes dans une salle du « Café du Canon d’or ». Le cocher passe sans encombre avec le courrier caché dans la banquette. Une jeune fille, embarquée en route, est dévêtue et rudoyée.

            Louise dégrafe sa robe dans le dos et fait glisser sa chevalière sous laquelle elle cachait le pli enroulé, elle comprend que la dissimulation ne sera pas possible et l’avale à l’insu des contrôleuses. Malheureusement, un soldat qui s’essuie les mains derrière la porte vitrée d’une autre salle réalise le geste et donne l’alerte. Refusant d’absorber un vomitif, elle reçoit un violent coup de crosse à la poitrine dont la lésion serait à l’origine de sa mort, trois années plus tard.

            Elle est arrêtée par les Allemands et enfermée à la prison de Tournai.

            Elle est condamnée à mort le 16 mars 1916 à Bruxelles, puis sa peine est commuée en travaux forcés à perpétuité par Moritz von Bissing.

            Détenue pendant 3 ans dans la Forteresse de Siegburg, près de Cologne, elle meurt le 27 septembre 1918, des suites d’une mise à l’isolement dans un cachot noir et humide, d’une absence de soins volontairement décidée par Herr Dürr, ancien officier prussien réformé et directeur de la forteresse, et d’un transfert trop tardif à l’hôpital Sainte-Marie de Cologne où elle s’éteint à la suite d’un abcès pleural mal opéré.

Sa dépouille est rapatriée le 21 février 1920 et, le 16 mars 1920, une cérémonie funéraire est organisée à Lille au cours de laquelle, Mgr Charost, évêque du diocèse de Lille, la surnomme « la Jeanne d’Arc du Nord », expression reprise par les médias et elle reçoit à titre posthume la croix de la Légion d’honneur, la Croix de guerre 1914-1918 avec palme, la médaille militaire anglaise et est faite officier de l’ordre de l’Empire britannique. Son corps est inhumé au cimetière de Saint-Amand-les-Eaux.

            De nombreux ouvrages retracent sa biographie, de même que le film Sœurs d’armes, sorti en 1937.  En janvier 2020, Le Réseau Alice par Kate Quinn a été publié aux éditions Hauteville. Cette fiction historique a reçu les félicitations de l’ Historical Novel Society qui a pour but de mettre en lumière les actions de ce groupe de femmes au sein du réseau d’Alice Dubois.

            Un monument sculpté par Real del Sarte a été érigée en sa mémoire boulevard Carnot à l’entrée de Lille en novembre 1927. L’ancienne place Saint-Martin dans le Vieux-Lille a été rebaptisée place Louise-de-Bettignies en 1934.

            Plusieurs autres communes du Nord ont donné son nom à des rues mais aussi à Rennes, Quimper et Vannes,  ou à des équipements publics, en particulier des écoles à Dunkerque, La Madeleine, Lambersart, Faches-Thumesnil.

            En 2004, la municipalité de Saint-Amand-les-Eaux, après avoir fait l’acquisition de sa maison natale située dans la ville, rue Louise-de-Bettignies (anciennement rue de Condé) pour en faire un musée, conçoit un projet destiné à y implanter un centre d’interprétation des femmes résistantes.

            Ci-dessous, terminons par l’hommage que lui donne la nécropole nationale de Notre Dame de Lorette ↓ ↓

Réalisé avec l’aide de la garde d’Honneur et internet.

                                                                                                                 Serge Clay

 

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