Cette semaine, en vacances avec mon épouse nous sommes allés visiter l’Ile de Tatihou

Cette île Normande située dans le Cotentin à quelques encablures de Saint Vaast la Hougue est chargée d’Histoire.

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Un petit résumé historique :

Durant la Première Guerre mondiale, le fort était un camp de prisonniers de guerre allemands et austro-hongrois. De 1926 à 1940, l’île abrita dans ses locaux un aérium. De février à juin 1939, l’île accueillit des femmes et des enfants réfugiés de la guerre civile espagnole.

Après la Seconde Guerre mondiale

De 1948 à 1984, l’île Tatihou accueille un centre de rééducation pour adolescents en difficulté. Ces jeunes gens, placés sur l’île par décision de justice, y recevaient une formation professionnelle : horticulture, mécanique, ou métiers du bâtiment. Contrairement à une légende répandue, ce n’est pas ce centre éducatif qui inspira à Jacques Prévert le poème La Chasse à l’enfant dans son recueil de poésies Paroles, mais le centre pénitentiaire de Belle-Ile.

Le Centre possédait un bateau pour accéder à l’île à marée haute. On accédait au Centre à marée basse par une marche de 2 km à travers les parcs à huîtres. Les jeunes gens qui fuguaient étaient facilement repris car le Centre sonnait le tocsin et les habitants de St-Vaast savaient qu’un pensionnaire s’était échappé. Le personnel éducatif et les jeunes pensionnaires habitaient intra-muros, c’est-à-dire dans l’ancien lazaret.

Pendant l’été, le centre de l’île Tatihou accueillait une colonie sanitaire pour jeunes gens diabétiques. De 1982 à 1984, le Centre hébergea des enfants recueillis en mer de Chine méridionale (les boat-people), pour une formation à la langue française.

Après la fermeture du Centre en 1984, les locaux ont été dégradés, ses archives dispersées, du fait de l’abandon des bâtiments durant plusieurs années.

Au tournant du siècle[

Abandonnée à son sort à partir de 1984, l’île Tatihou est affectée au Conservatoire du littoral en 1989. Ce dernier signe une convention de gestion avec le conseil général de la Manche : les travaux de réhabilitation et de restauration peuvent alors commencer. Dès 1992, pour le tricentenaire de la bataille de la Hougue, le musée maritime ouvre ses portes, dans une partie de l’ancien lazaret et présente les vestiges provenant de cette bataille.

De 1990 à 2012, il y a une réhabilitation du site et du musée maritime.

Source Wikipédia

C’est en posant le pied sur le débarcadère que j’ai pensé à Raymond T.

Il y a 2 ans, mon ami René Pareja m’a présenté Raymond, il m’a dit c’est un Pupille de la Nation comme toi et tu dois entendre son récit.

Nous nous sommes retrouvés dans un petit restaurant à Caen.

Tout commence à Falaise le 7 juin 1944 par le bombardement allier, ses parents succombent dans les décombres

Orphelin sans famille proche, il est confié à l’Assistance Sociale, il est placé dans une ferme où il est exploité, humilié et battu.

N’en pouvant plus, il se révolte, donne un coup de pelle au fermier.

La sanction est immédiate il est envoyé au centre de rééducation de Tatihou, le malheur de ces enfants est raconté par Marie-Jo Audouard  dans son livre l’Enfant du Bagne

Un extrait :

Sur une île du Cotentin se dresse la forteresse de Vauban : Tatihou, un lieu maudit qui fut, après la Seconde Guerre mondiale, pour des centaines d’enfants, pire qu’une prison : un véritable bagne.

Paul fut l’un de ces « petits bagnards », un enfant meurtri par la vie dont personne ne voulait plus. Sa petite enfance avait été brisée par trois années passées à l’orphelinat, son enfance a été un martyre inacceptable : éducateurs incompétents et sadiques, directeurs tortionnaires, sévices, travaux de force et sous-alimentation. Cependant, dans cet univers terrifiant, il va mûrir. Son sens de la justice, son caractère et son courage lui donneront la force de vivre.

Seul échappatoire pour Raymond, les Enfants de Troupes (Pupille de la Nation) puis la Légion Etrangère qui lui offrit une famille.

Mai 1968 Raymond saute sur Kolwezi

La bataille de Kolwezi1 est une opération aéroportée baptisée « Opération Bonite », menée par une unité de la Légion étrangère française, le 2e régiment étranger de parachutistes (2e REP), ainsi que par des troupes belges et zaïroises.

Elle se déroule en mai 1978 au Zaïre, actuelle République démocratique du Congo (RDC), pour délivrer des otages européens retenus dans la ville minière de Kolwezi par des rebelles katangais.

L’opération est déclenchée par le massacre de 700 Africains et de 170 Européens et réussit à libérer des otages avec des pertes militaires légères La bataille de Kolwezi1 est une opération aéroportée baptisée « Opération Bonite », menée par une unité de la Légion étrangère française, le 2e régiment étranger de parachutistes (2e REP), ainsi que par des troupes belges et zaïroises.

Source Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Kolwezi

Raymond ouvre son portefeuille et me montre une photographie en couleur où il est au côté de Simone Veil, elle était venue les féliciter pour la libération des otages.

C’est sa plus grande fierté.

Malheureusement, le destin n’en avait pas fini avec lui.

Après 20 ans de service, il retourne à la vie civile et trouve un emploi de jardinier dans une ville de l’agglomération caennaise.

Pendant plusieurs années tout se passe bien.

Puis un petit chef bolchevique le prend en grippe pour son passé de légionnaire.

C’est constamment des insultes, et un jour le drame. Cet individu tente de l’agresser physiquement, Raymond le neutralise et l’envoie pour  6 mois à l’hôpital.

Des juges « rouges » ont considéré que  son passé était une circonstance aggravante et il a été condamné à 2 ans de prison.

Les conséquences furent un divorce et une tentative de le spolier de sa maison par un agent immobilier plein de bonnes intentions, heureusement il a pu avec le soutien d’amis la conserver.

Il y a 4 ans, il a fait un AVC et marche maintenant avec une canne.

On se croise 2 ou 3 fois par an, dernièrement il envisageait de faire un voyage en Israël, un pays avec lequel il se sent en phase.

Il n’a pas adhéré à la Fnapog, car le simple fait de lui demander le nom de jeune fille de sa mère le bouleverse.

C’est le hasard qui m’a incité à raconter l’histoire de Raymond T en espérant que ça fera réfléchir les « biens pensants » du ministère, qui la main sur le cœur, affirme que les Pupilles de la Nation ont eu tout ce qu’il fallait jusque leur 21 ans et que l’état français ne leur doit rien pour le sacrifice de leur parent.

Henri Paturel

Pupille de Nation
Président de la FNAPOG Normandie

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