« Paradis provisoire » un petit coin de Hongrie pour évadés Français de 1940       

   œuvre de Gylsla ILLES

                                 

Fin août 1940 des Français arrivent dans plusieurs petites villes hongroises, près de la frontière Autrichienne, qui sont-ils ?  d’où viennent t’ils ?

Ce sont des soldats évadés des camps allemands, oflags ou stalags et des réfractaires du STO.

Ils arrivent là en Hongrie car cette dernière même si elle est alliée à l’Allemagne nazie, n’a pas fait de déclaration de guerre à la France, c’est donc un pays neutre qui applique les conventions de Genève et da La Haye relatives à l’accueil des réfugiés.

Le 1er d’entre eux sera Jules BELAMONTE à SZOMBATHELY, près de la frontière Autrichienne, le 31 Août 1940. Qu’en faire ?

La Hongrie décide de ne pas renvoyer en Allemagne les prisonniers français évadés, les déserteurs STO, décision prise le 17 Octobre 1940 par ZOLDAN BALD qui applique les mêmes règles que pour les Polonais.

Pendant ce temps en Allemagne les prisonniers d’autres camps ont vent de cet évènement. Aussi plusieurs prisonniers français, des Belges et des Polonais du camp de RAWA RUSKA1 vont venir entre 1942 et 1944 s’y ajouter. Ils seront environ 1 200 français. Certains ne feront que passer avec pour objectif : rejoindre la France ou l’Afrique du Nord via la Yougoslavie

Hélas l’aggravation du conflit dans ces Balkans, notamment en Yougoslavie, Septembre 1942, va contraindre 800 d’entre eux à y rester. On les regroupe à SELYP (N/E de Budapest) puis à BALASSAGYARMAT, ville frontière avec la Yougoslavie. Puis par groupe de 120 iront à BALATONBOGIAR, « la perle du BALATON » à 150 km de Budapest, où ils sont bien accueillis mais surtout cachés à la fois par la municipalité et les habitants2.

Certains auront la chance, si je puis dire, d’être hébergés dans l’hôtellerie de luxe ou villas résidentielles avec vue sur le lac BALATON.

Pas de barbelés, pas de police, pas de gardiens c’est une totale liberté d’où le nom donné à cette ville « le paradis provisoire ».

De plus cette liberté est facilitée par l’Ambassade de France qui leur délivre papiers officiels donc circulation libre (comme aller à BUDAPEST) ou faux papiers pour d’autres.

Début 1942, le colonel André HALLIER3 attaché militaire à la Légation de France de  BUDAPEST leur vient en aide soit : a) en leur trouvant localement un travail4, labeur leur permettant de gagner quelque argent : b) en leur permettant de rejoindre un maquis en Slovénie. Ils étaient quelquefois répartis sur plusieurs sites rendant ainsi difficiles les recherches allemandes.

La situation évolue, une troupe de théâtre voit même le jour fin 1943, troupe composée de prisonniers « libres » et d’actrices ou acteurs Hongrois. Ils partent en tournée, jouent « le malade imaginaire » de Molière à l’Université de GODOLLO (30 km de Budapest). Il en sera de même pour une équipe de football créée pour rencontrer les équipes locales.

14 Juillet 1943 fête Nationale impulsée par le Colonel HALLIER : ce sera prise d’armes, défilé, La Marseillaise et ce devant les autorités civiles et militaires et du Nonce Apostolique Mgr Angelo ROTTA5.

Hélas le 15 Mars 1944 la Wehrmacht envahit la Hongrie, le pouvoir passant entre les mains des « Croix Fléchées6 » et de leur chef Ferenc SZÁLASI, en Octobre.

Les « Allemands » intensifient leurs traques des Juifs et des prisonniers protégés en partie par les autorités qui ne donnent pas suite à leurs demandes.

Quelques prisonniers se cachent dans BUDAPEST, notamment Pierre GODEFROY7, (futur sénateur gaulliste V éme République), qui trouve refuge au théâtre ANDRASSY accueilli par BAKZS SAMU, acteur et directeur de ce théâtre. Il le cache parmi les accessoires. Il est quand même arrêté puis libéré suite à l’intervention de BAKZS.il sera de retour en France après le 11 février 1945 car BUDAPEST a été libérée par l’Armée Rouge.

La ville ainsi libre, les prisonniers évadés sont regroupés à TURA (N-E de la Hongrie) puis évacués par train vers Marseille via ODESSA. Parmi eux une cinquantaine s’était mariée avec des femmes Hongroises qu’ils emmènent avec eux et s’installent en France.

En 1992 une stèle commémorative est érigée à BALATONBOGLAR en remerciement à la HONGRIE.

Notes :

    1°) fait partie de la Pologne, puis de l’URSS, occupée par la Wehrmacht, de nouveau à l’URSS et maintenant dans l’Ukraine.

    2°) dans l’église figurent un drapeau Français, une statue de Ste Thérèse de Lisieux et une stèle.

   3°) Saint-Cyrien, il est le père de Jean-Edern HALLIER (1936-1997) écrivain journaliste.

   4°) dans l’hôtellerie, l’enseignement. On les appelle « Francia menekültek ».

  5°) à Budapest depuis 1930, délivre de faux certificats de baptême.

  6°) parti politique Hongrois, nationaliste et fasciste, créé en 1935.

  7°) 1915-1992 interné à Rawa-Ruska, 7 tentatives d’évasion.

                                 commémoration à SERIGNAC sur Garonne 13 Avril 2022 (Photo DPM)

plaque commémorative en CORNOUAILLE

       

Ouvrages :      –     Le pont de la liberté(1980) P.LEMAIRE.

  • Souvenirs d’un attaché militaire Cel
  • Refuge en Hongrie (1946) André LAZAC.
  • Réfugiés Français en Hongrie 1940-45. M.LAGZI.

Film :   Paradis provisoire (1981) d’András KOVÁCS avec André DUSSOLIER.

 INFO :  Le 29 Mars 2022 Mme Pascale ANDREANI Ambassadrice de France et le Maire de BALATONBOGLAR ont inauguré une salle commémorative dans l’annexe de la mairie.

               Sources : émission de radio, sites Internet.

NDA :   faits de l’époque peu connus. Personnellement, touriste en 2003, j’ai logé dans un de ces hôtels et la guide n’a jamais évoqué ce sujet.

Hélas, l’actualité nous renvoie aux affres de cette période !

             

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