.                                                    Emile FONTAINE    résistant discret

Né le 10 Février 1905 à WIGNEHIES (Nord) de parents herbagers.

Son père, prisonnier de guerre 1914/18 est dans les mines de Silésie. Sa mère fait quelques ménages.

Emile abandonne ses études pour subvenir aux besoins de la famille mais aussi pour sauvegarder la ferme familiale.

Fin de la guerre 14/18, Emile a 14 ans et son père est revenu. Il devient apprenti chez le maréchal-ferrant du village.

Recensé par le bureau d’Avesnes : classe 1925.

Il se marie avec Julia BARBAY couturière originaire de Verviers (Belgique), naîtra par la suite une fille Adrienne. Ce qui n’empêche pas le couple de se séparer en 1937, bien que s’étant occupé de la ferme auparavant  et qu’Emile  ait adhéré à un syndicat agricole.

Maintenant seul, Emile quitte le Nord pour l’Aisne et trouve un emploi de commercial à  la coopérative agricole d’Auberton et emménage à proximité. Il reprend aussi la ferme de Madame Camille PIERRON au hameau de Buirefontaine.

Là il y fera connaissance d’Annette PIERRON, fille de Camille née en 1911. Plus tard une petite fille, Annie, les comblera.

Septembre  1939 : la seconde guerre mondiale éclate.

Emile FONTAINE décide de réagir et s’oppose au régime de Vichy en entrant dans la résistance  en 1941 sous le pseudo « Tanguy » (ex-ministre socialiste) et s’engage dans l’OCM1

Décembre 1942, il succède à Adrien FOURNAISE d’AOUSTE2  comme responsable du secteur (Aubenton, Rumigny, Rozoy et Signy l’Abbaye). Organise et effectue quelques sabotages.

Juillet 1943, Emile se rend à la coopérative agricole : WOL (en allemand) de Château- Porcein. Pour  que le soldat allemand  de faction ne le surveille pas trop il lui offre du cognac, même pas mal de cognac qui fera son effet et permettra à Emile de charger son camion de divers produits destinés au maquis où sont réfugiés  aviateurs alliés et STO pour la plupart.

Hélas sur le chemin du retour un contrôle de gendarmerie l’arrête. Il est accusé de marché noir, arrêté, condamné à 5 mois de prison qui sera celle de Rethel (Ardennes).

Puis transféré  en Champagne-Ardennes au camp des Mazures,   le « Jüdenlanger 3» où sont détenus de nombreux juifs (288), d’origine Belge venus d’Anvers le 18 juillet 1942,  avec qui il communique et leur laisse ses coordonnées si besoin était, comme évasion et recherche d’un refuge.

Peine accomplie, il est libéré.

Le 5 janvier 1944* lors d’un transfert ferroviaire vers Drancy, une dizaine de Juifs réussit à s’échapper (porte de wagon déverrouillée par un cheminot). Ils ont retenu le message d’Emile et surtout l’adresse refuge. Ils se mettent en route, direction la ferme de Buirefontaine. Deux autres se son déja évadés lors de l’arrêt à la gare précédente.

Le 30 Mars 1944 avec quelques jeunes du village il discute sur la place Saint Nicolas d’AUBETON. Une traction noire s’arrête, un des  3 hommes en descend, entre au café d’Emile ROGET (Le Mermoz actuellement) et demande «  Emile FONTAINE », lequel se trouve dans la cour du café, de la part d’un certain Mathieu qui veut le voir car la gestapo est à sa recherche. Emile monte dans la traction où sont installés les 3 passagers, la traction démarre.

Un peu plus loin sur la route une traction les double, route de Beaumé, peu avant BESMONT, les hommes se font quelques signes et puis cette traction, aux roues jaunes4, se place devant eux les obligeant à s’arrêter.

De suite Emile comprend qu’il est tombé dans un piège tendu par la gestapo/ SIPO.SD de Saint Quentin sur dénonciation. Va t’il sauter, le peut-il ?

Il ouvre la portière, se saisi de son révolver tire sur le chauffeur, le rate mais saute. La réplique est immédiate, une rafale de mitraillette l’abat. Ainsi péri à 39 ans le capitaine FFI Emile FONTAINE.

             

Distinctions :

¤ Croix de Guerre, médaille de la Résistance.

 ¤ Rue de Beaumé, rebaptisée « Emile FONTAINE, 16 Septembre 2006.

 ¤  Juste des Nations », ainsi qu’Annette PIERRON et sa mère Camille, le 14 Août 2006.

 ¤ Un site mémorial sur le plateau de Berthaucourt à Charleville-Mézières (1946).

¤  Une stèle (16 juillet 2005) sur la RD 37 à l’endroit où il fût abattu.

¤ Une plaque à la mairie d’Aubenton, 15 Décembre 1946, offerte par les juifs sauvés.

Notes :

1°)  Organisation Civile et Militaire.

2°) dénoncé et déporté. Décédé le 18 Février 1945 à Buchenwald.

3°) créé le 18 Juillet 1942 par Organisation TODT. Fermé 5 Janvier 1944 (voir plus haut*). Commandant du camp : un certain super nazi, brutal et sans pitié : FREUER.

4°) signes distinctifs des voitures de la gestapo.

Infos supplémentaires : ont participé à ces faits de résistance Georges PEUBLE, Léon et Madeleine DEVING (résistants) ainsi que les habitants : Marie ARNOULD-JACQUES, Marguerite  HENON-ADAM, Gaston et Mireille DOE.

Ont été sauvés : Léopold ARON, Abraham CASSERES, Henri GRUNSTEIN, Charles et Salomon KOGEL, Salomon LEMER, Vital LIEBERMAN, Jacob LIWSCHITZ, Joseph PERETZ, Harry REICHER, Siegfried SPRINGER, David STOCKFEDER et Nathan SUSZTER.

Sources : divers sites Internet, revue Histoire.

NDA : ce récit est tardif car certains témoignages de rescapés juifs d’origine Belge, n’ont vu le jour qu’en 2002/2003.

Aller au contenu principal