Quel destin extraordinaire a vécu la générale Valérie André, pionnière de l’aviation médicale héliportée.

            Née à Strasbourg le 21 avril 1922, Valérie André Valérie, adolescente est fascinée par le monde de l’aviation, en 1939, profite de la croissance de l’aviation populaire pour prendre des cours de pilotage à l’aéroclub de sa ville natale sur un avion Potez.

            Quand la Seconde Guerre mondiale commence, elle doit quitter le cours.

            Avec l’invasion allemande en mai-juin 1940, elle se rend à Clermont-Ferrand, où est transférée temporairement la Faculté de médecine de Strasbourg.

            Lors de l’invasion de la zone sud par les Allemands, en novembre 1942 elle s’échappe et se réfugie clandestinement à Paris, car les autorités allemandes traquent les étudiants alsaciens pour les déporter en Allemagne.

Après la guerre, Valérie André obtient son diplôme de médecine de l’université de Paris pour l’année scolaire 1946-1947.

Elle consacre sa thèse, sous l’angle pathologique du parachutisme et avec enthousiasme, parce que, dit- elle : « c’est un sport qui fait appel aux ressources les plus profondes de l’être pour l’exécution d’un acte considéré comme antinaturel : le saut dans le vide, parce qu’il développe des qualités de calme, de sang-froid, de maîtrise de soi ; qu’il fait appel à l’esprit de camaraderie et développe l’esprit d’équipe, car si le saut est un acte purement individuel, la préparation à ce saut est un acte collectif ; enfin, que chaque saut est pour le parachutiste une victoire remportée sur lui-même ». Elle encadre médicalement une préparation militaire parachutiste et fait ses premiers sauts.

Puis elle suit un cours de vol à voile à Beynes et obtient son brevet de parachutisme au cours de l’année 1948, au moment où elle devient à la fois pilote et médecin militaire, des professions alors peu accessibles aux femmes en France (elle ne recevra un brevet de pilote militaire qu’en 2010).

            Après avoir appris qu’elle possédait le brevet de parachutiste, ses supérieurs l’amènent à suivre le cours de chirurgien de guerre et à servir dans une zone frontalière entre l’Indochine et le Laos qui ne pouvait être atteinte que par parachutage.

            Elle retourne en France pour obtenir la licence de pilote d’hélicoptère à l’école de vol de Pontoise. En Indochine en effet, elle s’était rendu compte à quel point des endroits isolés ou couverts par la forêt sont difficiles d’accès pour les avions du transport médical.

En 1948, à la suite d’une pénurie de médecins militaires, Léon Binet, doyen de la faculté de médecine de Paris propose aux étudiants qui le veulent de servir en Extrême-Orient. Elle saisit l’occasion et rejoint l’Indochine en tant que médecin militaire avec le grade de capitaine pendant l’hiver 1948-1949. Affectée au premier hôpital de Mỹ Tho, elle devient plus tard adjointe de neurochirurgie à l’hôpital de Saïgon.

De retour en Indochine, le 26 mai 1950, elle se spécialise dans le service d’évacuation médicale de pilotage des hélicoptères Hiller 360 et Sikorsky H-34 . Entre sa première mission, le 16 mars 1952, et son départ de l’Indochine en 1953, elle effectue 129 vols d’exploitation, assurant l’évacuation de 165 blessés vers des postes médicaux ou vers l’hôpital le plus proche.

            Le 11 décembre 1951, elle participe à une mission d’évacuation immédiate de blessés de Tu Vu sur la rivière Noire. Le seul hélicoptère disponible, stationné près de Saigon, est partiellement démonté, puis transporté à bord d’un avion Bristol Freighter à Hanoï, où il est remonté. Il s’envole ensuite vers Tu Vu, malgré le brouillard et le feu antiaérien intense ; elle y soigne les blessés, évacués deux par deux à Hanoi.

Le 5 septembre 1953, elle est affectée au centre de vol expérimental de Brétigny-sur-Orge, qui fournit une assistance médicale aux équipages. Elle obtient la qualification pour la conduite du Morane-Saulnier MS.733 Alcyon, du Nord 1101 hélicoptères Djinn Aerospatiale et Sikorsky S-55, en participant à différents vols expérimentaux. Dans cette période, elle participe à la création du laboratoire de médecine aérospatiale.

De 1959 à 1962, elle sert en Algérie en tant que commandant adjoint du service médical à la base de Boufarik, puis en tant que commandant de l’hélicoptère de service de sauvetage stationné sur la base de Réghaïa, Oran. Devenue pilote d’hélicoptère d’activation Aérospatiale SA-318 Alouette II, puis Sikorsky H-34, en trois ans de service, elle effectue plus de 350 missions. En 1961, elle est nommée médecin-chef de l’ensemble de la base de Reghaïa. À la fin de la guerre en Algérie, elle revient en France et continue sa carrière d’officier du service de santé. Promue lieutenant-colonel en 1965 et colonel en 1970, elle est d’abord chirurgienne sur la base aérienne 107 Villacoublay, puis conseillère auprès du Commandement du transport aérien militaire (COTAM).

Elle est promue médecin général (avec rang et prérogatives de général de brigade) en avril 1976, ce qui fait d’elle la première femme à devenir officier général en France. L’année de sa retraite, en 1981, elle est promue médecin général inspecteur (avec rang et prérogatives de général de division). Ses derniers postes sont ceux de directrice du service de santé de la 4e puis de la 2e région aérienne.

            Admise dans la 2e section des officiers généraux en 1981, Valérie André devient présidente du Comité des femmes militaires. Elle y travaille à la promotion de l’emploi des femmes dans les forces armées. Elle quitte les champs de bataille pour un autre combat, celui de l’égalité homme-femme au sein de l’Armée : “les femmes comme les hommes sont parfois désireux d’assumer des postes à haute responsabilité et ce n’est pas propre qu’à l’Armée“, dira-t-elle sur le plateau de TF1 Actualités, présenté par Yves Mourousi dans les années 70.

Elle est membre fondateur de l’académie de l’air et de l’espace de Toulouse en 1983.

En 1987, elle est élevée à la dignité de grand-croix de l’ordre national du Mérite.

En 1999, le président de la République Jacques Chirac l’élève à la dignité de grand-croix de l’ordre national de la Légion d’honneur: elle est la troisième femme à recevoir la plus haute distinction française après Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion.

Ses décorations, médailles et distinctions

 

            Le 2 septembre 2010, au cours d’une cérémonie spéciale sur la base aérienne 107 Villacoublay et en présence du général d’armée aérienne Jean-Paul Paloméroschef d’état-major de l’Armée de l’air, elle reçoit le numéro de brevet de pilote d’hélicoptère militaire no 001.

            Elle épouse à Issy-les-Moulineaux le 21 décembre 1963, le pionnier des hélicoptères de l’Armée de l’air, le colonel Alexis Santini (1914-1997), premier pilote d’hélicoptère de l’Armée de l’air (brevet no 23, février 1950) qui lui a appris à piloter un hélicoptère en Indochine, donc la tante par alliance de l’homme politique André Santini.

 

Le 21 avril 2022, elle célébrait son 100ème anniversaire dans les salons de l’Hôtel de Ville d’Issy-les-Moulineaux, en présence de son fils, de sa petite fille et de son neveu, André Santini.

 

Un bon anniversaire Madame !

De Serge Clay, pupille de la nation-orphelin de guerre et ancien combattant, qui au cours de missions vous a certainement croisé en Algérie ?

 

 

Source : journal n° 1034 d’avril 2022 de la FNCPG-CATM et internet.

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