Née le 4 juin 1898 à Wingles (62), Émilienne Moreau, issue d’une famille de mineurs, deuxième de quatre enfants, elle a un frère ainé, Henry, une sœur cadette, Marguerite, suivie d’un jeune frère prénommé Léonard. La famille déménage au gré des promotions successives du père dans les mines de la région, et s’installe à Lens vers 1899, puis à quatre kilomètres de là vers 1908.
À la fin du mois de juin 1914, son père obtient sa retraite à l’âge de 50 ans, après 38 ans de travail dans les mines. La famille s’installe à Loos-en-Gohelle, dans une maison haute située sur la place de la République où elle gère une épicerie–mercerie–bonneterie.
Son frère aîné Henry est affecté au 8ème régiment d’infanterie de ligne stationné à Saint-Omer, qui le 1er août 1914, est engagé au combat à Dinant, le 15 septembre, il est envoyé sur le front de l’Est où il sera tué.
Les Allemands occupent la ville de Loos-en-Gohelle lorsque son père meurt en décembre 1914. La jeune fille fabrique son cercueil avec son frère et le conduit au cimetière sur une brouette.
Le 25 septembre 1915, les troupes britanniques lancent une attaque pour reprendre la ville : c’est la bataille de Loos. Émilienne va à leur rencontre et leur communique des informations sur les positions ennemies, leur permettant de les prendre à revers.
Dans sa maison, elle met en place un poste médical et participe même aux combats, abattant quatre soldats allemands.
Elle devient, à 17 ans, l’héroïne de Loos et elle est citée à l’ordre de l’armée par le général Foch.
Le général britannique Douglas Haig écrit pour la féliciter.
Elle est reçue par le président de la République Raymond Poincaré et à Londres par le roi George V.
Le 27 novembre 1915, elle est décorée de la croix de guerre à Versaillaises. ↓ ↓
On utilise son image pour entretenir le moral de la population et des troupes. Le Petit Parisien fait paraître son histoire sous forme de feuilleton dans son supplément Le Miroir.
Dès la fin de la guerre, elle reprend ses études, et obtient son diplôme d’institutrice.
Son premier mariage se termine rapidement par un veuvage.
Militante au sein de la SFIO, elle épouse en 1932 Just Évrard, responsable fédéral du Pas-de-Calais et frère de Raoul Évrard, député du même département de 1919 à 1936. Just Évrard est déjà père de deux enfants, qui se distingueront également dans la résistance durant la seconde guerre mondiale.
Au début de cette guerre, en 1940 elle est mise en résidence surveillée par les autorités allemandes à Lillers, chez sa mère.
Les Allemands n’ont en effet pas oublié ses activités durant la précédente guerre.
Fin 1940, elle entre en résistance aux côtés de son mari, ils distribuent tracts et journaux clandestins et elle utilise plusieurs pseudonymes, dont « Jeanne Poirier » et « Émilienne la Blonde ».
Après le sabotage d’une usine, son mari est suspecté et passe plusieurs mois de détention.
La famille part pour Thonon-les-Bains puis Lyon, où elle est en lien avec la Suisse et des maquis, menant des actions au service de plusieurs réseaux, dont « Brutus » et « France au Combat ».
En se faisant passer pour une femme enceinte, elle n’est pas fouillée et réussit à transporter de l’argent pour la résistance.
Elle se déguise aussi et se teint les cheveux (d’où son pseudonyme) ↑↑.
Traquée par les Allemands, elle échappe plusieurs fois à l’arrestation, contrairement au nombre de ses camarades de lutte, et parvient à rejoindre Londres au bout de la quatrième tentative, le 7 août 1944.
Elle intervient alors pour la propagande alliée sur les ondes de la BBC, poussée par son histoire personnelle, elle met en avant le rôle des femmes dans la résistance auprès de la presse alliée.
Marie Hackin, Berthy Albrecht, Laure Diebold, Marcelle Henry, Émilienne Moreau-Évrard et Simone Michel-Lévy :
Que le général de Gaulle a nommées compagnon de la Libération dans l’honneur et par la victoire sont le symbole du rôle joué par celles-ci dans la résistance.
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