Louis Auguste CYPARIS   

Opportunités dans son curieux et surprenant destin ?

 May                          Sergine                            c’est moi Serge

Avant de venir à Cyparis, écoutons ce que May raconte par ce jour du 8 mai 2002 après la cérémonie patriotique, place du Coq à Cayenne :

Je suis Martiniquaise née à Fort de France et ce sont les aléas de ma profession qui m’ont conduit en Guyane où j’y suis restée.

Si je suis avec vous et que je peux raconter mon histoire, je le dois à mes grands-parents qui habitaient à Saint-Pierre en Martinique et que par un curieux hasard ne se trouvaient pas dans cette commune, le 8 mai 1902, le jour de l’éruption du volcan la Montagne Pelée. Ils avaient quitté Saint-Pierre l’avant-veille pour Fort de France où je suis née en 1934.

May et Sergine sont deux de mes amies, la première est ma voisine qui m’a fait connaitre la seconde dont je vous parlerai éventuellement dans un autre dossier.

                 Voyons ci-dessous ce qu’était la commune de Saint-Pierre puis, l’extraordinaire aventure de Cyparis (pêle-mêle, au fur à mesure de ma mémoire, de mes séjours à la Martinique et internet pour les détails) :

                 Bordé par la mer des Caraïbes dans une baie magnifique, au flanc du mont Pelée, Saint-Pierre est la ville la plus riche et la plus peuplée de Martinique. Coquette, avec ses monuments datant du XVII siècle, ses églises, son théâtre, ses rhumeries, et le somptueux jardin botanique, en font la plus belle des îles des Antilles.

Saint-Pierre nord-ouest

la rade

l’église

le jardin botanique

←←Le volcan, probablement le plus connu des Antilles à cause de son éruption de 1902 qui a complètement détruit la ville de Saint-Pierre et qui a fait 29 000 victimes.

De son nom « La montagne Pelée » semble endormie et n’inspire pas la moindre inquiétude depuis deux siècles que les colons français occupent la région.

Le 7 mai, le volcan se fait menaçant, les grondements redoublent d’intensités. Les habitants sont inquiets. Le maire prend alors la décision d’apaiser la population, et demande à ses administrés de ne pas céder à la panique et de continuer à vaguer aux occupations quotidiennes.

Et le 8 mai, vers 7 heures du matin, une colonne de fumée gigantesque déchire le ciel assombrit. Soudain la montagne pelée ouvre son flanc, une nuée de cendres brûlantes et noire, dévale du volcan à une vitesse vertigineuse, emportant tout sur son passage et en quelques minutes Saint-Pierre disparait dans l’obscurité.

 La température extrême, les gaz asphyxiants de cette nuée ardente ne laissent aucune chance aux habitants. Le bois brûle, le verre et les métaux fondent, la mer entre en ébullition. Ceux qui pensaient échapper à la mort en se jetant à la mer, meurent ébouillanté. Les bateaux au large ne sont pas épargnés et certains coulent dans la rade.

 Ceux qui demeuraient en bordure de l’éruption sont brûlés et périssent dans d’atroces souffrances.

Vu panoramique de Saint-Pierre après la catastrophe.

Puis lorsqu’ elle redevient une commune en 1923 où elle commence à renaître de ses cendres. Elle est progressivement reconstruite et labelisée « ville d’Art et d’Histoire en 1990 » par le ministère de la Culture et de la Communication.

Revenons à l’éruption où :

 Trois personnes y survivent, dont :  ↓↓

 

Louis-Auguste Cyparis né à la Martinique le 1er juin 1874 est un travailleur au Prêcheur (Martinique), tantôt marin, tantôt cultivateur.

Condamné à 1 mois de rétention à la prison de Saint Pierre pour une rixe d’ivrogne où il blesse un homme d’un coup de coutelas.

Alors qu’il a presque terminé de purger sa peine, on le conduit en ville pour quelques corvées mais il apprend qu’il y a la fête au Prêcheur : il s’échappe et va danser toute la nuit et ne rentre que le lendemain pour terminer sa peine.

Comme punition pour sa petite escapade, il est condamné à 8 jours de cachot et c’est pendant ce temps que l’éruption de la Montagne Pelée s’abat sur Saint-Pierre.

« Il était 8 heures quand un bruit formidable se fit entendre, ça criait au secours, je brûle, je meure. Au bout de 5 minutes, plus un bruit lorsqu’une fumée traversa la petite fenêtre de ma porte, elle me brûlait, je sautais à droite, à gauche, en l’air pour l’éviter. Puis, un affreux silence, je criais mais aucune réponse ».

C’est ce qu’il dit le dimanche 11 mai, aux 3 hommes du Morne-Rouge, Léon Dangis, Georges Hilaire et Maurice Vidé qui passant dans ces parages entendent ses plaintes et arrivent à le délivrer. Il a passé 4 jours et 3 nuits dans son cachot sans manger et n’ayant pour boire que l’eau de pluie qui suinte sur les murs et la porte.

Souffrant de nombreuses brûlures, il est soigné à l’hôpital de Morne Rouge.

Après son sauvetage, certains mettront en doute son histoire, jusqu’à ce que le président de la Cour d’appel de Fort de France confirme son incarcération à la date de l’éruption.

Gracié et guéri, il est engagé par le directeur du cirque Barnum aux Etats-Unis qui le baptise « Sanson » et l’expose dans son musée des humanités bafoués où il exhibe ses brûlures. Il est présenté faussement comme le seul rescapé de la catastrophe, sous le slogan « le seul objet vivant qui a survécu dans la cité silencieuse de la mort ».

Mensonge, il n’est pas le seul, il y en a deux autres : Léon Compère, cordonnier, qui prit la fuite par la route de Fonds-Saint-Denis et Havivra Da Ifrile, prenant in extrémis la barque de son frère et recueillie en mer par les marins du Suchet.

Abandonné par Barnum qui n’a plus besoin de lui, il meurt à Panama en 1929, dans le plus grand dénuement et complètement oublié.

    Ci-dessous, quelques-unes de mes photos prises au cours de l’un de mes séjours en Martinique :

Le cachot

en photo à sa porte                                              

la rade

Repos au bord de la rade 

le haut de St-Pierre  

en plus : la maison du bagnard↓

Après plusieurs années de détention en Guyane, Médard Aribot, est libéré en 1945 à la fermeture définitive des bagnes. Il regagne alors la Martinique en 1953, construit cette maison face au Rocher du Diamant où il a vécu jusqu’à sa mort en 1973.

            En approche avec la vie de Cyparis, je saisis une des morales de la fable de La Fontaine pour conclure ?

 « Le Lion et le Moucheron »

 Aux grands périls tel a pu se soustraire,

Qui périt pour la moindre affaire.

 

                                                                                                                                                                Serge Clay.

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