Le destin de Marcel PUTT est celui d’un combattant héroïque, d’un homme qui a fait du devoir de mémoire son second combat.
Il vient de s’éteindre !
Sous la plume de NEO, ce récit nous oblige, en ces temps chahutés de poser un regard lucide sur notre histoire et ne pas permettre l’OUBLI, le DENI !

« Marcel Put n’est plus, il est parti rejoindre son Ă©pouse dĂ©cĂ©dĂ©e il y a une semaine. Certainement ne pouvait-il supporter d’ĂŞtre sĂ©parĂ© de celle qu’il comblait de marques d’affection, j’en garde un souvenir encore vif, nous dit NEO. »
Marcel avait vu le jour le 28 juillet 1923, il y a près de 98 ans. La vie de ce modeste enfant du pays manosquin, fils d’un prisonnier de la « Grande Guerre », est bouleversĂ©e par l’entrĂ©e en guerre, puis par la promulgation des arrĂŞtĂ©s de fĂ©vrier 1943.
Après un sĂ©jour Ă  Montfroc, aux Chantiers de Jeunesse, la nouvelle tombe : issu de la classe 1943, Marcel est destinĂ© Ă  partir dans le cadre du STO. Pour ce « fils de la RĂ©publique », Ă©levĂ© dans le patriotisme et la « haine de l’Allemand », travailler pour l’ennemi, en territoire ennemi, demeure impensable. La veille du potentiel dĂ©part, armĂ© d’un maigre paquetage, Marcel s’Ă©vade le 17 octobre Ă  minuit, en compagnie d’une poignĂ©e de camarades, vers l’inconnu.

[Extrait] : « Une dĂ©cision illogique, irrationnelle, presque une pulsion pour des gamins de vingt ans ! Les rĂ©cits de mon père, captif sous les geĂ´les ennemies entre 1917 et 1918 laissent entrevoir une Allemagne sans cesse revancharde, notre ennemie « hĂ©rĂ©ditaire » Ă©tait donc de retour depuis trois ans. Les raisons qui nous poussent Ă  partir ne sont pas encore clarifiĂ©es, mais il est certain que les valeurs rĂ©publicaines insufflĂ©es par les maĂ®tres d’Ă©cole, ne peuvent que prendre sens ».

Après un temps d’errance Marcel et ses deux camarades, Roger Courbier et Maurice Turrel, trouvent refuge dans la campagne de l’arrière-pays sisteronais, oĂą ils participent aux travaux Ă  la ferme. Il est convenu que le temps venu, ces jeunes « rĂ©fractaires » rejoignent la « RĂ©sistance ». Ce jour vient au printemps 1944 lorsque Marcel intègre le maquis de Bayons, au sein des Francs-Tireurs et Partisans Français.

Son parcours rĂ©sistant est notamment marquĂ© par sa participation Ă  l’attaque de la citadelle de Sisteron.

[Extrait] :

« A sept heures, le groupe menant les ex-prisonniers s’approche de l’entrĂ©e de la citadelle. Tous sont armĂ©s avec des armes de poings ou des mitrailles sans crosse cachĂ©es sous leur vĂŞtement. Le deuxième groupe, auquel j’appartiens, cachĂ© sous les remparts, bondit pour maĂ®triser la sentinelle et le poste de garde. La chance est pour l’instant avec nous. Pendant que le premier groupe poursuit son chemin vers les bâtiments d’administration, les quelques soldats prĂ©sents, pris en train de faire leur toilette, sont arrĂŞtĂ©s sans rĂ©action. Deux camarades les prennent en charge, pendant que nous nous prĂ©cipitons sur les pas du premier groupe. Tous sont pris en charge Ă  l’exception d’un malheureux qui, pris de panique, est abattu d’une rafale de mitraillette ».

Peu après, les représailles ennemies conduisent en ce que la postérité nommera le « massacre du 26 juillet ».

Alors qu’il dĂ©pèce un mouton avec son ami Maurice boucher de mĂ©tier, il voit le mulet faire « des signes d’impatience ». En effet, une volĂ©e de balles siffle Ă  ses oreilles, comme aux miennes. Les soldats allemands attaquent le maquis de Bayons. Bien heureusement, [Extrait] :

« l’organisation, les entraĂ®nements des actions passĂ©es » permettent le repli des troupes. Une journĂ©e interminable pour moi comme nombre de mes camarades. A l’arrivĂ©e de la nuit, enfin nous avons rĂ©ussi l’Ă©vacuation complète. Ce 26 juillet, onze anciens dĂ©tenus de la Citadelle, neuf maquisards, un inconnu et trois jeunes innocents d’une ferme voisine sont « Morts pour la France » sous les balles allemandes, vivement aidĂ©es de traĂ®tres miliciens ».

A la libĂ©ration, comme des milliers de jeunes de son âge, Marcel s’engage au sein de la Première ArmĂ©e Française, et poursuit l’Ă©popĂ©e « Rhin et Danube ».

C’est au bord du Danube qu’il apprend la Victoire du 8 mai 1945. « Après tant de sang versĂ©, de larmes coulĂ©es, de luttes en espoir, nous avons gagnĂ© la guerre. J’ai presque vingt-deux ans et toute une vie devant moi ».

La dernière lutte sera celle de la MĂ©moire, qui conduira Marcel Ă  arpenter les Ă©coles, collèges et lycĂ©es de la rĂ©gion de Manosque, jusque l’âge de 96 ans, auprès notamment de ThĂ©rèse DUMONT, ancienne rĂ©sistante des plus impliquĂ©es.

NĂ©o

 

 

 

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