Colette Marin CATHERINE    un Oscar pour son 93 éme anniversaire

Colette est née le 25 avril 1929 à Bretteville-l’Orgueilleuse (Calvados).

En juillet 1944, à 16 ans, encore lycéenne, elle entre dans la résistance comme agent de reconnaissance puis infirmière après le 6 juin.

Ses parents  habitent 41 rue de Bayeux et ont un garage automobile de vente et réparations. Sa mère et son frère sont également impliqués dans la résistance.

Son frère Jean-Pierre, né le 12 Mars 1926, est élève à l’école de la marine marchande de CAEN. Avec ses amis de Bretteville et aussi ceux de PUTOT en Bessin il distribue des tracts, des journaux, cachent des réfractaires au STO et des armes participant ainsi à la résistance à 13 ans.

 

Le 11 novembre 1942 ils déposent, bien qu’interdit, des fleurs aux monuments aux morts. Il sera arrêté 7 ou 8 mois après, le 15 Juin 1943, alors qu’il est en classe. Il est condamné à mort mais trop jeune sa peine est commuée en travaux forcés. Il va ainsi partir ou plutôt on l’envoie au camp du Struthof (Alsace), puis à Groos-Rosen et ensuite à Mitelbau-Dora1 en Allemagne.

Il a 17 ans et est contraint à un travail exténuant dans cette usine de construction de V2, il est sans force après quelques mois de cet enfer et finira par  mourir d’épuisement le 22 mars 1945 à 19 ans.

6 juin 1944 : Colette CATHERINE et sa mère sont réquisitionnées par le médecin militaire du séminaire de BAYEUX. Pendant 4 mois, quoique non diplômée, et sans formation elle va soigner, jour et nuit, en effectuant de simples tâches aidée par sa mère : pansements, nettoyage des plaies.

28 septembre 1944 : elles peuvent rentrer chez elles. Elles quittent l’hôpital de Bayeux et, à pied, rejoignent leur maison distante de 15 km. Hélas en arrivant elles la trouvent vandalisée, pillée, délabrée. Le garage est fermé.

Colette CATHERINE pour survenir à ses besoins de vie et ceux de sa mère malade, âgée de 60 ans, va effectuer de petits boulots : couture et infirmière etc… En Avril 1945 sans nouvelle de son père et de ses 2 frères Gaston et Jean-Pierre, elle s’inquiète jusqu’au jour où on l’avertit du décès de ce dernier. Les 2 femmes, touchées par la douleur s’isolent, ne communiquent plus avec l’extérieur et restent seules. Elle s’occupe de sa mère jusqu’à son décès, elle a alors 40 ans.

Elle s’en sort bien, arrive à vivre, grâce au remaillage des bas, devient même directrice d’établissements hôteliers !! Elle ne s’est jamais mariée.

2010 : elle donne des conférences à la Nouvelle Orléans en Louisiane, ainsi qu’au Mémorial de Caen. A chaque commémoration du 6 juin 44 elle reçoit des Américains survivants de cette époque.

En 2018 : elle rencontre le réalisateur américain Anthony GIACCHINO et la productrice française Alice DOYARD documentariste et aussi journaliste à la BBC. Cette dernière est en reportage dans la région pour trouver des figures marquantes de la résistance.

De cette rencontre va naître l’idée de produire un film documentaire, grâce aussi à Laurent THIERRY historien de la coupole d’HELFAUX (mémorial du Pas de Calais)

en train de réaliser avec certains jeunes un dictionnaire biographique des 9000 déportés français de DORA. Pour cela Colette CATHERINE et une équipe de tournage iront à DORA, d’où reviennent les jeunes cités plus haut, mais accompagnée d’une étudiante Luce FOUBLE de Saint Omer qui ne connaît pas ce camp et qui a été récemment récompensée au Concours National de la Résistance et de la Déportation.

Colette CATHERINE et Luce FOUBLE

 

Donc en 2019, à 92 ans, Colette pour les besoins de ce film va visiter ce camp et témoigner. Elle dira devant un four crématoire « je suis dépassée par l’horreur ». L’émotion est alors immense.

Elle avait mis 30 à 40 ans pour essayer d’oublier. Colette CATHERINE réside toujours à CAEN, toute sa vie a été un combat notamment en participant à toutes les élections depuis 1951, droit accordé aux femmes depuis peu (1945).

Son  autre frère Gaston, son aîné de 13 ans, meurt à son retour de déportation.

2019 : l’équipe de tournage, va le 11 Novembre, faire sceller sur le trottoir  devant la maison familiale un « STOLPERSTEIN2 », le 1er  en Normandie

2020 : sortie du film de 25 minutes sur « Gardian » plate-forme anglaise, film plusieurs fois primé.

2021 : Ce 25 Avril lui est dédié la statuette, récompense pour son Oscar à la nomination de ce film.

 

Notes :

1°) camp prés de NORDHAUSEN où seront utilisés près de 60 000 travailleurs de  21 nationalités et dont la moitié y laissera la vie.

2°) Pavé de 10/10 cm gravé du nom à honorer, (réalisé par l’artiste allemand Gunther DEMNIG en hommage à toutes les victimes de la 2 éme guerre mondiale).

 

Sources : diverses sur internet et journaux

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