La tragédie du Cap ARCONA  (du luxe au tombeau)

C’est la fin de la guerre, 8 Mai 1945, Hitler s’est suicidé quelques jours plus tôt le 30 Avril. Les alliés gagnent du terrain, notamment la redoutable armée rouge et les nazis s’empressent de vider les camps les plus à l’Est avec l’intention d’effacer les traces de leurs méfaits.

Nombre de prisonniers en route à pied vers l’Ouest périront en chemin, c‘est la « Marche de la Mort », une interminable colonne de déportés privés de nourriture, d’eau et soumis aux coups de crosse des allemands, laissant sur le bord de la route ceux qui ne pouvant suivre, tombaient, avec le plus souvent le « coup de grâce1 » donné.

Ces prisonniers venaient de NEUENGAMME (sud-est d’Hambourg), de FÜRSTENGRUBE (près d’Auschwitz) et du camp de STUTTHOF (proche de Dantzig). Tout ce monde pose problème aux nazis qui vont les embarquer sur un bateau « le Cap ARCONA 2» ancien paquebot de luxe qui reliait Hambourg à Buenos Aires (1er voyage le 29 Octobre 1927) ou Rio de Janeiro. Services accomplis durant une dizaine d’années transportant par la suite des réfugiés allemands de la zone Est inquiets de l’arrivée de l’Armée rouge et de son comportement.

Ce paquebot de 206 mètres, 850 passagers, construit en 1920, avait déjà été réquisitionné le 25 Août 1939 par la « Kriegsmarine » pour loger ses troupes dans le port de GOTENHAFEN (Gdynia en Polonais) baie de Gdansk.

Idem en 1944 :  le Cap ARCONA transporte des civils et quelques soldats de Gotenhafen à Copenhague mais il tombe en panne. Remorqué il sera réparé sommairement et redonné en mauvais état à la Compagnie Hamburg Süd.. le 14 avril 1945.

Avril 1945 : Karl KAUFMANN « gauleiter 3» d’Hambourg responsable du Reich pour la marine marchande locale ordonne au Cap ARCONA et au THIELBEK d’aller mouiller à NEUSTADT dans la baie  de LÜBECK.

Printemps 1945 du 16 au 30 Avril : en plusieurs rotations, plus de 4500 prisonniers sont admis sur ce bateau « Cap ARCONA » devenant ainsi un véritable camp de concentration flottant. Non conçu pour tant d’effectifs les prisonniers sont confinés dans les cales pour la majorité, serrés les uns contre les autres, sans le moindre confort. Ils étaient surveillés par 5 ou 600 SS. Le capitaine Heinrich BERTRAN, commandant ce bateau avait refusé d’embarquer ces hommes mais menacé il avait cédé.

Heinrich HIMMLER aurait ordonné aux sous-marins de la « Kriegsmarine » de couler ces bateaux afin que nul prisonnier ne tombe aux mains des alliés à moins qu’il n’ait prévu de les mener en Suède comme monnaie d’échange, certains sentant venir la défaite et voulant sauver leur peau.

Le Cap ARCONA prend la mer baltique, direction LÜBECK pour y débarquer les prisonniers.

Le 2 Mai NEUENGAMME annexe du camp de SACHSENHAUSEN est abandonné par les SS.

Le 3 Mai un avion de la RAF survole LÜBECK pendant que des chars anglais se postent aux limites de la ville, les photos prises par avion montrent des SS sur le pont du navire.

Le 4 Mai les troupes aéroportées du Général GAVIN trouveront le camp vide et les traces des exactions commises par le SS effacées.

 

Le 8 Mai à 14 h 30 la RAF envoie, en plusieurs attaques, ses bombardiers (150 à 200) «Typhoon Mk » commandés par Martin Scott RUMBOLD, larguer leurs roquettes et obus de 20 mm sur les bateaux dont le Cap ARCONA. Seulement 500 prisonniers survivront au naufrage, nageant vers la rive dans une eau à 5/7° C. Mais repérés par de bateaux de pêche ils seront recueillis s’ils sont……. en uniforme ou repoussés à la mer voire abattus.

        le Cap ARCONA en feu

 

            le Cap ARCONA sur le flanc

 

Les pilotes engagés dans cette action n’ont appris qu’en 1975 qu’ils avaient décimé des déportés, la Croix Rouge Internationale et Suédoise avaient pourtant averti de la situation le Haut Commandement de la RAF mais celui-ci n’a pas transmis l’information ou l’a fait trop tardivement. D’ailleurs certains équipages ont trouvé étrange qu’aucune riposte, FLAK ou mitrailleuses, ne se soit manifestée.

Sur les 7300 déportés et 600 SS, 7000 environ se noieront, 314 déportés et 2 membres d’équipage seront sauvés. Des semaines après les corps des victimes furent enterrés dans une fosse commune entre Lübeck et Pelzerhaken. Un cénotaphe est érigé au cimetière de NEUSTADT en HOLSTEIN, à 32 km au Nord-Est de Lübeck

 

 

 

 

              mémorial de NEUSTADT

Un dernier corps fut découvert en 1971 par un jeune garçon de la région.

28 nationalités différentes composaient ces hommes parmi lesquels les Français : Roland MALRAUX (1/2 frère d’André MALRAUX), Jacques-Félix BUSSIERE (préfet des Bouches du Rhône), Edouard BONNEFOY (préfet du Rhône) et Albert BARRAUD (médecin Bordelais).

L’épave du Cap ARCONA fut réduite en ferraille en 1949.

D’autres bâtiments furent aussi touchés : le THIELBEK qui coula (50 rescapés sur 2800), le cargo ATHEN échappa au massacre son capitaine Fritz NOBMANN ayant hissé le drapeau blanc.

Nota : trois autres catastrophes maritimes se sont déroulées

  1. 30 Janvier 1945 le sous- marin soviétique S.13 coule le WILHELM GUSTOFF et ses 5400

passagers en majorité des femmes et des enfants.

  1. 10 Février 1945 le navire général STEUBEN est coulé en mer Baltique (3500 disparus. 300 survivants) par le même sous-marin S.13
  2. 16 Avril 1945 le GOYA : 6000 passagers (réfugiés de Prusse Orientale fuyant l’armée rouge et soldats blessés) est coulé par le sous-marin soviétique L.3 (160 rescapés).

Notes :

1°) dernier coup mortel appelé « coup de grâce » car mettant fin aux souffrances.

2°) nom venant du Cap ARKONA sur l’Ile allemande de RÜGEN en Poméranie.

3°) responsable régional.

 

 

Sources : divers sites internet, doc ou info TV.

NDA : comme tous les faits de guerre révélés au fur et à mesure du temps les dates, chiffres lieux etc… peuvent varier en fonction des témoignages (directs, transmis ou relatés plus tard). Mais l’acte en lui-même est réel.

 

 

 

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