Ce mercredi 25 novembre 2020, j’ai eu le privilège d’accompagner Jean Claude Rebière Délégué Général du Souvenir Français du Doubs et Claude Balland Président de la délégation de Besançon, dans l’enceinte du cimetière des Champs Bruley à Besançon où se trouve un monument dédié à près de 2200 soldats enfouis sous terre, depuis la guerre de 1870.
La brume glaciale, le ciel gris donnaient un relief particulier à cette visite prélude de la réhabilitation de ce monument sous l’égide de la Ville et du Souvenir Français.
Avec Madame Anne Vignot, Maire et Monsieur Chaney Recteur d’Académie nous avons évoqué la dure réalité de cette guerre dont on témoigne peu, estompée par le souvenir de la première guerre mondiale.
Fouler ce sol où sont enfouis des soldats venus de toute la France dans l’anonymat d’un cimetière bisontin avec pour tombe un monument gris et sombre et cependant majestueux forçait l’émotion et le respect !
Alors que l’équipe de télévision sur place terminait les prises de vue, les cloches de l’église voisine ont sonné comme un signe du destin.
Jean Claude Rebière et Claude Balland se sont rendus ensuite au Musée du temps qui abrite le livre de bronze sur lequel ont été gravés les noms ce ces soldats.
L’objectif du Souvenir Français est bien sûr la publication de ces longues listes ce qui permettra à certaines familles de retrouver trace de leurs ancêtres, et peut être clore ainsi le chapitre de cet héritage transgénérationnel dans une époque où l’on ne parlait pas encore de stress post traumatique, nous pouvons en témoigner nous qui cherchons l’apaisement de nos souffrances d’enfants et voulons éviter de transmettre cet héritage à nos petits-enfants.
Au nom de notre Fédération nous disons Merci de nous avoir associé à cet événement qui devrait trouver son apogée en 2021.

Merci à Jean Claude Rebière de nous avoir communiqué historique et photos permettant de vous faire partager cet instant. 

Christiane Dormois

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Note sur la guerre de 1870 à Besançon et sur le monument aux morts du cimetière des Champs-Bruley

  • Un désastre militaire

Après la chute de Sedan et la capitulation de l’Empire, un gouvernement provisoire prend en main les affaires de l’État pour tenter de lutter contre l’invasion prussienne. Les combats violents de Belfort et de la vallée de l’Ognon font affluer à Besançon des blessés qui vont y mourir par centaines.

L’armée de l’Est commandée par Bourbaki passe en ville, forte de 100 000 hommes et tente de libérer Belfort assiégée. En vain.

Le 22 janvier 1871, c’est une armée en guenille qui traverse à nouveau la ville pendant 16 heures. La situation sanitaire est catastrophique. Les 50 000 Bisontins doivent accueillir 42 000 hommes dont 12 000 blessés et malades. Il en meurt 50 par jour dans les rues et dans le froid.

Bourbaki tente de se suicider. Le reste de son armée passe en Suisse. Ils auront vainement attendu le secours des 50 000 hommes de Garibaldi cantonnés à Dijon.

Le monument des Champs-Bruley rappelle le souvenir de ces heures dramatiques.

  • Le livre d’Airain

« À la mémoire des défenseurs de la Patrie. Ici reposent 2179 officiers, sous-officiers et soldats morts pour la Patrie ».

C’est l’inscription que porte le monument érigé au centre de la grande allée du cimetière des Champs-Bruley. Partout, sous le mausolée et tout autour reposent deux milliers de corps inhumés là entre octobre 1870 et février 1871, tombés aux combats et plus souvent encore morts de maladies et de leurs blessures à l’hôpital ou dans les rues de Besançon.

Inauguré le 10 octobre 1880 par le Général Wolff, commandant le 7ème corps d’armée, il célèbre l’héroïsme à grand renfort de symboles militaires et républicains.

Au-devant un coffre métallique. C’est là qu’était conservée à l’origine la liste sur papier des soldats morts inhumés ici.

Le 14 août 1893, population, armée, autorités répondent à l’invitation du Comité local de la société française de secours aux blessés militaires (Croix rouge internationale) pour un hommage aux soldats morts au cours de la guerre de 1870.

Accompagnés par des musiques et des chorales, le défilé parti du quai Veil-Picard et du quai de Strasbourg se rend au cimetière des Champs-Bruley pour y déposer un « livre d’Airain » où sur 12 feuillets  métalliques sont gravés les noms des soldats inhumés.

La ville ne fut ni assiégée, ni occupée en 1870, mais elle fut l’infirmerie et le mouroir de cet épisode tragique.

Le cimetière des Champs-Bruley devient alors le lieu de ralliement des hommages militaires, notamment pendant la première guerre mondiale, où chaque année les conscrits se rendent en pèlerinage.

La honte de la défaite ne s’oubliera plus que dans l’espoir de la revanche.

Pour des raisons de sécurité et en empêcher le vol, cet objet mémoriel majeur a été retiré il y a quelques années. Il est  aujourd’hui déposé au Musée du Temps.

 Lionel Estavoyer
Conservateur.
Conseiller culturel pour le Patrimoine à la ville de Besançon

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