Oradour, cela interpelle mais la prison de Caen ? Et pourtant.
Le 6 juin, après minuit, le pilonnage des plages du débarquement débute, vers 6 heures celui de la ville de Caen.
Dans la prison, les résistants sont réveillés par le vacarme et pour certains initiés c’est l’annonce d’un probable débarquement allié avec à la clé l’espoir d’une liberté retrouvée.
Un allemand, Harold Heyns, membre de la gestapo est responsable gestionnaire de la prison de Caen.
Au début de la matinée, il est prévenu par sa hiérarchie qu’un débarquement est en cours, il doit prendre les mesures prévues et qui concernent les détenus.
Le temps passe, les premiers commandos arrivent sur les plages pour préparer l’invasion. Heyns a des ordres, il doit quitter Caen et ne pas libérer les prisonniers probablement considérés comme un danger. Ces hommes sont les témoins des horreurs commises par l’armée allemande et la trop fameuse gestapo.
Heyns à la recherche de véhicules n’en trouve pas, ils sont rares en cette période troublée, d’où l’impossibilité de transporter les prisonniers. Une quinzaine considérée comme de peu d’importance sont libérés. Pour les autres, la décision de les abattre est prise suite aux ordres d’Hitler, ne pas laisser de traces.
L’ordre est donné, par qui, mystère, c’est le silence sur cette affaire, qui sont les responsables ?
La mise à mort commence, les faits différent, à la mitrailleuse, à la mitraillette, au révolver pour certains individus, nul ne sait exactement quel fut le procédé.
Peu importe la méthode, le résultat seul comptait aux yeux de la gestapo est aux yeux des initiateurs de ce massacre. Combiens de résistants fusillés, 80, 90, 100 ? Le nombre exact n’est pas connu encore à ce jour.
Les corps ne furent jamais retrouvés, Comment expliquer que des recherches ne furent pas faîtes à l’époque ? Des milliers de morts sur les plages du jour J, des milliers de civils décédés sous les bombes, un pays à reconstruire, mise en place d’une justice à la recherche des criminels de guerre, des responsables de la collaboration, le retour des prisonniers à assurer et l’effroyable constat des camps de la mort. Il fallait gérer physiquement et politiquement la résurrection de la France, que représentait à l’époque une centaine de résistants disparus ? A ce jour reste le souvenir et la recherche de quelques historiens. Malheureusement les responsables à ce jour sont disparus en emmenant avec eux la vérité sur ce massacre.
Cela n’est pas surprenant, à Caen on estime entre 5000 et 10 000 tués sans sépultures sous les décombres de la ville reconstruite.
Pour les résistants, il existe de nombreuses suppositions, incinérées dans une forêt avoisinante et les restes enfouis dans des trous de bombes à l’aérodrome de Carpiquet. Ensuite il fut nivelé par l’armée anglaise pour pouvoir utiliser à nouveau les pistes. On est sûr d’une chose, il n’y a plus de traces de ce crime, les historiens sont toujours à ce jour à la recherche de la vérité, sans succès, ne reste que les hypothèses, le dégoût et la tristesse.
Ensuite, c’est le martyr de la ville de Caen, plus de 1 000 bombardiers vont déverser des tonnes de bombes sur la ville, on ne comptera plus le nombre de morts mais cela est une autre histoire.
L’Europe aujourd’hui, c’est le temps de la réconciliation et c’est très bien, mais le souvenir et la mémoire doivent perdurer.
André Rauch
Pupille de la Nation, Orphelin de Guerre
Caen le 24 juillet 2020
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