Vassili PORIK

Il aurait eu 100 ans ce dernier 17 Février 2020

Mais qui était donc cet homme ?

Il est donc né le 17 février 1920 à SOLOMIRKA province de PODOLSK en Ukraine. Issu d’une famille pauvre, il rêve de servir dans l’armée. Il va étudier et obtenir un diplôme agricole. Puis en 1939 il sera versé dans une école d’infanterie de l’armée rouge à Odessa et transféré la dernière année à KHARKOV où il obtient le grade de lieutenant. Ensuite il servira dans le district de Kiev puis enchainera avec la seconde guerre mondiale au cœur de la 6 éme armée du front du Sud-Ouest.

Entre temps il adhère au parti communiste en 1941.

Mais en juillet il est blessé puis fait prisonnier près d’Ouman (Land de Hanovre) et sera conduit dans un camp allemand. En 1942 il est interné dans le camp de Beaumont en Artois (Pas de Calais) devenu aujourd’hui Hénin Beaumont.

Dans ce camp il gagne un peu la confiance des gardiens allemands, devient kapo, ce qui lui permet certaines initiatives, comme sortir du camp lui et certains autres prisonniers qui en fait sont des résistants. Il arrive notamment à prendre contact avec la résistance française, puis avec les communistes et crée un comité central de Prisonniers de guerre en France. Il sera le chef des partisans russes du bassin minier de Beaumont, des habitants de la région et les réfractaires au STO. Le comité est aussi dirigé par 10 autres personnes rescapées, dont Marc SLOBODINSKI, Alexandre TCHERKASSOV, Alexis KRYLOV, Boris CHAPINE et Vassili ADONIEV, qui rentreront en URSS, mais dont on restera sans nouvelles.

Les allemands avaient prévu de transférer ces prisonniers vers Bergen Belsen avant juin 1944, mais une grande évasion est organisée, le camp de Beaumont est attaqué par une vingtaine de FTP commandée par Victor TOURTOIS. Onze gardes wallons sont tués, de nombreux prisonniers s’évadent. Ils sont cachés par la population locale qui les habille, les nourrie et les aide du mieux qu’elle peut, d’autant que des relations amicales entre Ukrainiens et population minière locale s’étaient établies.

Bataillon Staline : il est l’émanation de Vassili PORIK qui le commande. Ils seront 300 combattants environ répartis en plusieurs groupes sur quelques régions. A leur actif plus de 250 ennemis tués, déraillement de 10 trains, 2 ponts détruits et une dizaine de véhicules automobiles en utilisant les explosifs dérobés dans les mines.

Chaque soldat nazi éliminé, chaque camion incendié, chaque train déraillé nous rapprochent un peu plus de la victoire.

Vassili est recherché par la gestapo, sa tête est mise à prix : 2 millions de francs.

Le 24 Avril 1944, après 3 heures de combat, il est arrêté avec ses complices alors qu’ils sont en réunion chez Mme SZAICK-REWIAKO, russe d’origine car ils ont été dénoncés. Kolesnik est tué, PORIK blessé à la jambe est transféré à la prison Saint-Nicaise d’Arras. Torturé, son calvaire durera 18 jours. Mais le bonhomme ne va pas y moisir, il tue le gardien avec un clou arraché à une fenêtre, franchit le mur de la prison, tombe dans les douves de la citadelle remplis des cadavres de fusillés et s’enfuit à pied à travers la plaine, les champs vers Hénin-Liétard.

Récupéré par la résistance dont le chef Germain LOHEZ alias commandant DANIEL appelle dans un premier temps le Dr ROUZE, puis le Dr LUGEZ car une opération s’avère indispensable. Pour cela il faut l’emmener à la clinique Sainte Barbe, mission dangereuse effectuée en voiture par Mr Sylva BAUDART.

Convalescent il loge chez Monsieur et Madame Gaston OFFRE, rue Jules Ferry à HENIN, qui prennent bien soin de lui, comme ils feraient pour leur fils. Il s’occupe en réparant les armes des partisans.

Rétabli il repart au combat mais le 22 Juillet 1944 il est de nouveau arrêté par la gestapo, car il a été trahi, qui avait mis sa tête à prix, 2 Millions de francs, dans un guet-apens entre Grenay et Los en Goëlle, il est abattu de facto dans les douves de la citadelle d’Arras.

Entre temps le 14 Juillet 1944 il participait au meeting clandestin du parti communiste, en uniforme de l’armée rouge et haranguait les participants, dont voici un extrait : « nous luttons pour notre patrie soviétique et pour la liberté des peuples du monde entier. Nous demandons au peuple français de nous aider pour accélérer la victoire sur le fascisme ».

Vingt-quatre ans plus tard le Dimanche 18 Février 1968 a lieu l’inauguration du monument, de 7 tonnes en pierre d’Ukraine érigé en hommage à Vassili PORNIK et Vassili KOSLENIK

                                                   

. Ce sont deux artistes soviétiques Mme KALCHENKO et Mr SNOBA qui l’ont conçu. Plusieurs personnalités russes sont présentes.

Tous les russes tués sont inhumés, 200 tombes environ, dans le cimetière d’Haubourdin (Pas de Calais). Treize sépultures russes : dont 4 dans le carré d’honneur sont au cimetière de Méricourt sous Lens.

Ce fait n’a été connu que 20 ans plus tard qu’en Russie on apprend les exploits de Vassili qu’en 1960. Cet événement vient aux oreilles d’Alexy ADZHUREI (gendre de KROUCHTCHEV) rédacteur aux Izvestia et de Petro SHELEST 1 er secrétaire du PC Ukrainien.

D’autant, paraît-il, qu’une écrivaine américaine édita un livre sur VASSILI. Ce livre devenant un best-seller aux USA ! !

Sergueï DYBOV directeur de l’Association Mémoire Russe œuvre pour que le pays ait connaissance de son héros quelque peu oublié pendant plusieurs années. Il est prospecteur pour collecter tout ce qui concerne les soldats russes, leurs sépultures et monuments. Il est d’ailleurs installé en France.

Yuri KNUTOV historien militaire œuvre aussi dans ce sens.

Certains de ses camarades retrouvèrent sa famille et l’informèrent du sort de leur fils.

En 1964 Vassili PORNIK est élevé au grade de « Héros de l’Union Soviétique » et aussi Héros national de la France.

Des rues sont à son nom en Union Soviétique, de même qu’un pétrolier de la Cie NOVOROSSIYSK SHIPPING. Il figure aussi sur les plaques commémoratives disposées sur les murs de la citadelle d’Arras.

Le combat de Vassili PORNIK appartient à l’histoire et est un témoignage convaincant que l’Ukraine avait ses héros.

En 1970 le film « prisonniers de Beaumont » est dédié à Vassili PORNIK.

Un ouvrage (1970) d’André PIERRARD instituteur en 1939 et révoqué par Vichy en 1941 « Le jeune homme à la rose », lui est consacré. Traduit en Ukrainien (1976) et Russe (1976).

 

NDA : les diverses sources auxquelles je me réfère sont quelquefois imprécises ou divergentes dans les faits et leurs dates. Cette compilation retrace quand même bien le parcours exceptionnel de Vassili PORIK.

 

 

Sources : archives départementales du Pas de Calais, revue « lumière sur la mine « de 1968, Tellerreport (chaîne TV anglaise). Sputnik news.

 

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