Il est des dates ainsi qui se suffisent à elle-même, le 7 décembre 1941 en fait partie. Chacun sait de quoi il s’agit : l’attaque de la flotte et de l’aéronavale nippone contre la base navale américaine de Pearl Harbor. Cet acte inqualifiable contre un état souverain neutre allait précipiter les États-Unis, alors première puissance industrielle de la planète dans la Seconde Guerre mondiale. Retour sur l’une des plus célèbres actions aériennes de l’Histoire.

Le trouble jeu japonais

Les causes réelles de l’attaque japonaises contre la base navale et aéronavale de Pearl Harbor demeurent obscures, même 75 ans plus tard. Bien sûr l’embargo décidé par les États-Unis le 26 juillet 1941 n’est certainement pas étranger à l’affaire. Le gouvernement américain cessait ainsi de livrer du pétrole et de l’acier à l’archipel asiatique en raison de son implication dans la guerre contre la Chine. Mais est-ce là la seule explication ? Difficile de le dire. Quoiqu’il en soit ce fut certainement un facteur décisif dans l’idée qui conduisit le Japon à attaquer son ancien allié américain.

Le 5 novembre 1941 l’empereur Hirohito avalise le projet d’une attaque aérienne menée par la marine impériale contre la base américaine de Pearl Harbor dans l’archipel d’Hawaï en plein milieu de l’océan Pacifique. L’avant-projet lui a été présenté par des officiers de haut-rang mais est en fait le fruit du travail d’un seul homme : le capitaine Minoru Genda. Cet officier pilote de l’aéronavale a en effet préparer un plan reposant sur trois vagues d’assaut menées par des bombardiers-torpilleurs embarqués appuyés en cela par des chasseurs-bombardiers. L’idée de Genda est que si les avions japonais frappent assez vite, ils empêcheront la chasse américaine de prendre les airs. Pendant ce temps là les bombardiers monomoteurs pourront torpiller un maximum de navires de guerre ennemis.

Ce sont donc pas moins de six porte-avions japonais qui, le 26 novembre 1941,quittent dans le plus grand secret la base navale de Hito-Kappu dans l’archipel des Kouriles. Ces bâtiments sont l’Akagi, le Hiryū, le Kaga, le Shokaku, le Soryū, et le Zuikaku. Ils embarquent un total supérieur à 400 avions de combat. Ces bâtiments sont accompagnés d’une flottille conséquente : une quarantaine de navires de tous tonnages, dont pas moins de vingt-deux sous-marins. Cinq d’entre-eux sont des sous-marins de poche biplaces destinés à reconnaitre la zone le jour même de l’attaque.

Sur le pont du porte-avions Shokaku des Mitsubishi A6M se préparent à prendre les airs.

Dans le même temps les diplomates américains et japonais continuent de négocier pour la cessation de l’embargo. Jusqu’au dernier moment le Président des États-Unis Franklin D. Roosevelt tenta de parlementer diplomatiquement. Les Japonais eux ne devaient que « jouer la montre ».

L’attaque japonaise

Dans la nuit du 6 au 7 décembre 1941 les cinq sous-marins de poche furent lancés en direction de l’archipel d’Hawaï. Leurs submersibles hôtes ne se trouvaient en fait qu’à moins d’une cinquantaine de kilomètres du territoire américain. Deux d’entre-eux firent finalement demi-tour en raison de problèmes mécaniques mais ne réussirent pas à rejoindre la flotte.

Peu avant 4 heures du matin un des trois encore en mission fut intercepté par le navire chasseur de mines USS Condor (AMC-14) qui transmis à l’état-major de Pearl Harbor avoir repéré un submersible inconnu de petite taille à l’entrée de la rade. Le destroyer léger USS Ward (DD-139) fut dépêché sur zone afin d’identifier et éventuellement de couler l’intrus. Mais jamais le submersible nippon ne fut repéré et put rejoindre la haute mer. Peu après 6 heures 30 l’équipage de l’USS Ward repéra un second sous-marin de poche, sans réussir là non plus à le couler.

Peu de temps avant cet incident un total de 183 avions de combat japonais avaient quitté les ponts des porte-avions : des bombardiers en piqué Aichi D3A, des chasseurs-bombardiers Mitsubishi A6M, et des bombardiers-torpilleurs Nakajima B5N. Avec 99 exemplaires présents ces derniers représentaient plus de 50% de cette première vague d’assaut. Quarante étaient armés de torpilles et quarante-neuf de bombes.

 

Aichi D3A à Pearl Harbor.

À 7 heures 02 l’escadre aérienne nippone fut détectée par le radar longue distance SCR-270 de la défense anti-aérienne américaine de Pearl Harbor. Cependant aucune alerte ne fut émise, les opérateurs de l’US Army Air Corps les ayant confondu avec six bombardiers quadrimoteurs Boeing B-17E Fortress qui devaient arriver en même temps de Californie. Un œil avisé aurait remarqué que ces derniers devaient arriver de l’ouest tandis que les Japonais venaient de l’est. Visiblement ça n’a pas sauté aux yeux des radaristes hawaïens.

À 7 heures 43 les premiers avions japonais survolent l’archipel américain. La majorité des habitants dorment alors, nous sommes alors un dimanche matin. Quelques rares témoins assistent à l’arrivée des avions de combat frappés de la cocarde rouge.

Onze minutes plus tard, à 7 heures 54 les premières bombes sont larguées par les Aichi D3A et les Nakajima B5N. Un peu plus d’une minute plus tard une première torpille frappe un navire américain, il s’agit du cuirassé USS West Virginia (BB-48), un des plus puissants bâtiments de guerre américain, vétéran de la Première Guerre mondiale.

Le cuirassé USS West Virginia en feu au matin du 7 décembre 1941.

Simultanément des avions japonais frappent le terrain d’aviation de Wheeler Field, où devaient arriver les six B-17E, et la base aéronavale de Kaneohe Bay. La majorité des aéronefs américains sont détruits au sol, les pilotes n’ayant pas le temps de leur faire prendre les airs. Les postes de DCA réussissent cependant à descendre trois avions ennemis.

À 7 heures 58 un message d’alerte retentit dans toute la base, indiquant une attaque aérienne réelle de la part de l’aviation nippone. Les militaires ont tous ordre de rejoindre leur affectation d’origine. Sur tous les navires dans la rade les canons et mitrailleuses anti-aériens ouvrent le feu sur les avions nippons.

Un PBY Catalina lourdement endommagé sur la base aéronavale de Kaneohe Bay.

À 8 heures 32 la deuxième vague d’attaque passe à l’offensive, tandis que les avions de la première regagnaient les porte-avions. Elle se composait de 167 Aichi D3A, Mitsubishi A6M, et Nakajima B5N. Ces derniers emportaient surtout des bombes, en lieu et place des torpilles.

Dès la première vague japonaises des chasseurs Curtiss P-36A Hawk américain purent décoller. Ils affrontèrent les avions japonais, abattant plusieurs d’entre eux. Huit P-40 Warhawk plus modernes et à même de tenir tête aux Mitsubishi A6M prirent aussi les airs. Ces avions permirent aussi de détruire des Nakajima B5N volant au ras des flots.

À 8 heure 57 il fut décidé d’annuler la troisième vague d’assaut, celle-ci même qui devait détruire les énormes réserves de carburant et de fuel de Pearl Harbor. Le décollage des chasseurs américains et la mise en alerte de la DCA avaient fini de convaincre les amiraux japonais de ne pas lancer de nouvelle attaque.

Le raid historique contre Pearl Harbor se termina peu après 9 heures du matin. Il avait duré un peu plus d’une heure. Les conséquences pour les États-Unis et le Japon furent immédiates.

Le bilan

Le bilan humain s’élève à 2403 Américains tués, dont 68 civils. Les blessés représentent 1178 personnes, dont 35 civils. Un total de vingt navires fut fortement endommagé ou totalement détruit : on trouve notamment les USS Arizona (BB-39), USS Curtiss (AV-4), USS Downes (DD-375), USS Oglala (CM-4), USS Oklahoma (BB-37), USS Utah (BB-31), USS Vestal (AR-4), et USS West Virginia (BB-48).
Il est à noter qu’aucun porte-avions américain ne se trouvait à Pearl Harbor lors de l’attaque.

Lors du bombardement nippon un total de 402 aéronefs militaires étaient basés à Hawaï, 188 d’entre-eux furent totalement détruits et 159 autres endommagés.

Un des nombreux P-40 Warhawk pris pour cible à Wheeler Airfield.

Parmi les avions détruits on trouve trois avions civils : un Douglas DC-2, un Lockheed L-12 Electra Junior, et un biplan de tourisme Waco. La majorité des avions militaires détruits était des chasseurs embarqués Brewster F2A et Grumman F4F, terrestres Curtiss P-36 Hawk et P-40 Warhawk, et des amphibies Consolidated PBY.

Côté japonais 29 avions furent descendus et 74 rentrèrent sur leur porte-avions avec des impacts de tirs dans les ailes et le fuselage. La majorité des avions abattus le fut par la DCA américaine, seuls six semblent avoir été le fait des chasseurs américains. Aucun aviateur japonais ne fut capturé vivant.

Les restes d’un Nakajima B5N abattu par la DCA américaine à Pearl Harbor.

Il est à signaler qu’aucun des cinq submersibles de poche ne revint à la flotte, ils furent tous détruits, soit accidentellement soit du fait de la marine américaine.

Les conséquences immédiates

La première des conséquences fut la rupture immédiate des relations diplomatiques entre les deux pays dès le matin du 7 décembre. Le lendemain, 8 décembre 1941, le président Roosevelt demanda au Congrès américain l’entrée en guerre des États-Unis contre l’empire du Japon.
Le 20 décembre 1941 l’ordre de conscription obligatoire de tous les hommes de vingt à quarante ans inclus était signé. Deux jours plus tard, le 22 décembre 1941, les États-Unis entraient en guerre contre l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste.

La guerre devenait mondiale.

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