Maquis : les parachutages
Le problème majeur des résistants est le ravitaillement. Les gouvernements anglais et américains contactés par le SOE et le BCRA pour organiser des parachutages à leur profit font la sourde oreille. Le SHAEF est méfiant envers les résistants et de ce fait leur fournit peu d’équipements et d’armes. Les Français ne sont pas livrés en priorité, ce sont les Italiens et Yougoslaves qui ont ce privilège.
Les aviateurs alliés répugnent à utiliser des bombardiers pour des missions qu’ils considèrent comme secondaires, bien que les sabotages se révèlent plus efficaces que les bombardements. De plus le rigoureux hiver 43/44 et le mauvais temps empêchent le déroulement de ces missions.
Seulement 23 bombardiers (HALIFAX) sont prévus pour l’Europe ? mais en Janvier 1944, CHURCHILL porte ce nombre à 58 (opération Cadillac) suite à la demande de la résistance. Les parachutages augmentent donc de 175 % pour une prévision de 300 %, le mauvais temps n’ayant pas permis d’atteindre cet objectif.
Bilan : 330 largages en Avril, 530 en Mai et 866 en Juin.
Les besoins en armes de l’AS par groupe de 6 hommes sont de : 2 mitraillettes et 300 cartouches, 2 pistolets et 25 cartouches puis 12 grenades. La STEN (9 mm parabellum) est l’arme la plus livrée au maquis, car facile à utiliser, à démonter, à cacher. Mais elle est bruyante et imprécise. Elle sera remplacée par le M3 américain, de même les pistolets seront changés contre les browning automatiques US.
Sont livrés aussi des bazooka américains… les containers largués contiennent tenues de campagne, explosifs et …argent
Deux types de containers : l’un de 1,70 m de long et 35 de diamètre divisé en 3 compartiments, pour 160 kilos. Un 2 ème type aura 5 compartiments qui seront comblés parfois avec cigarettes ou chocolat. Une jeep aura besoin de 6 parachutes.
Les containers sont peints en noir, vert, gris ou kaki. Un marquage en blanc comme 10 P 5 indique lot de 10 containers de 5 paquets. Un autre code comme par exemple C8 indique le genre de contenu, ici : armement.
Quant aux parachutes ils sont, en principe, identifiables : jaune=médical, rouge=armement, blanc=équipements divers, vert=appareils de transmission radio, bleu=nourriture et noir=mission pour SOE.
Reste l’organisation des parachutages : établir le contact radio avec Londres, attendre un message codé de confirmation puis aller sur le terrain prévu pour le baliser et attendre l’avion pour ensuite récupérer les conteneurs et les cacher.
Le jour J approchant les parachutages se font plus nombreux, donc plus d’avions toutes les nuits ceci attirant l’attention des allemands qui, en Bretagne ont attaqué un maquis lequel a été obligé de détruire une partie du stock.
En fait les besoins des maquisards n’ont jamais été comblés. Pour pallier certains manques les résistants en prélèvent dans les garnisons allemandes ou attaquent quelquefois des banques.
Les maquisards fabriquent leurs munitions : cocktails Molotov, bombes et grenades artisanales aidés par France Bloch Serazin alias « Claudia » 1913-1943 dans son domicile et laboratoire parisien. Elle fut arrêtée en 1942 (guillotinée en 1943) à Hambourg. Incarcérée à la Santé puis déportée en Allemagne car la peine de mort pour les femmes n’existe pas en France. En 1950 ses cendres furent transférées au camp du STRUTHOF.
Choisir le terrain : c’est le rôle des chefs de terrain qui par ailleurs recrutent 10 à 20 hommes (comité de réception). Le terrain doit être de 300 x 400 m minimum, peu accidenté, non broussailleux, en lisière de bois pour que les hommes puissent se cacher, puis dissimuler les containers réceptionnés. Il faut aussi éviter de laisser des traces de véhicule sur le terrain. Le sélectionner loin des villages, de routes à grandes circulation et de terrain de la Luftwaffe.
Etablir les coordonnées pour Londres, qui envoie un avion de reconnaissance photographier le terrain. Ce dernier une fois accepté on lui affecte un code, ne servant qu’une seule fois (mais plus tard servira plusieurs fois) et 2 messages personnels. Ceci est transmis au chef de terrain.
A compter d’Août 44, c’est le responsable départemental qui définira ces critères. Terrains nommés « home » pour les parachutistes et « arma » pour le matériel.
Connaître la date : si le message de la BBC est diffusé à 13 h cela signifie « parachutage de nuit » puis confirmation à 17 et 21 h.
Balisage : au bruit de l’avion 3 maquisards avec lampe rouge se positionnent tous les 100 mètres en ligne droite et le chef de terrain se place à 30 m du dernier et émet avec lampe blanche le code « terrain » en morse. Un premier passage de l’avion pour confirmer la vue avant largage. A partir de 1944 le balisage se fera en blanc.
Les containers sont récupérés, mis en lisière du bois et transportés en charrette ou véhicule. Ce sont les chefs départementaux qui répartissent les livraisons.
Après le 6 Juin les parachutages augmentant ce sont les escadrilles de bombardement qui assument la tâche. Mais les équipages sont moins performants et beaucoup de parachutages rateront leurs cibles.
Notes : SOE : Spécial Opération Exécutive
BCRA : Bureau Central de Renseignement et d’Action.
SHAEF : Suprême Headquarters Allied Expéditionary Force (en fait le QG des forces alliées en Europe commandée par le général EISENHOWER)
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