LES PENDUS DE MONTAUBAN

 

Printemps 1940, signature de l’armistice après la défaite française, l’armée allemande occupe une partie du pays.

Le Tarn et Garonne est en zone libre, quoique surveillé par Vichy. Le débarquement en AFN le 11 novembre 1942 va contraindre les allemands à occuper tout le territoire et les premiers convois allemands composés de 400 soldats Mongols, Tchétchènes et autres encadrés par des officiers allemands arrivent à Montauban et y resteront jusqu’à fin Août 1944.La kommandantur loge à l’hôtel du commerce, la gestapo à l’hôtel de Vezins, 3 faubourg du Moustier et la feldgendarmerie trouve refuge à l’hôtel de la gare tandis que la milice occupe le Lycée Michelet au faubourg La capelle.

En 2 ans les nazis vont commettre bon nombre d’atrocités et d’exactions. En 1943 la résistance s’organise et plusieurs maquis voient le jour et s’organisent. Les SS, division das Reich arrivée depuis le 6 Avril 1944, vont réprimer toutes ces rebellions, vont faire régner la terreur et faire des exécutions, aidés en cela par les collaborateurs et la milice de Darnand.

Le matin du Lundi 17 juillet 44 les nazis encerclent le village de Montricoux suspecté d’abriter des maquisards. Les miliciens procèdent à 8 arrestations dans le village, puis 3 autres dans l’autocar venant de Bruniquel et enfin 2 sont pris à Nègrepelisse.

Ces prisonniers : BORDERIES, André CASTEL de Nègrepelisse, André et Henri JOUANY, André HUGUET, Hugues et Lucien LESPINET de Montricoux, MAZARD, Michel MELANED ingénieur polonais sont conduits en camions vers l’hôtel du commerce de Montauban, et surveillés par la milice dont un des membres s’en prend violemment à A JOUANNY.

Le groupe « Fantôme » du corps franc DUMAS renseigné, va attaquer ce convoi au lieudit « les brunis ». Les maquisards se terrent en bordure de route et tirent. Des SS sont atteints par une grenade jetée sur le 1er camion, puis d’autres tirs immobilisent les véhicules. Deux otages (BONHOMME et FEILLEE) sont abattus alors qu’ils tentent de s’évader, 2 autres fuient à travers champs vers les rives de l’Aveyron.

Le combat trop inégal, nazis et miliciens étant trop nombreux, dure peu. Les résistants ont 4 morts, laissés sur place, 2 blessés et 10 captifs.

Un officier SS blessé pendant ce combat décède peu après, ce qui déchaine la colère des SS et leur envie d’accentuer leur répression. La clémence espérée va se transformer en terrible sentence.

Le soir du 17 Juillet au Lycée Michelet les résistants sont interrogés de manière brutale par les allemands relayés par les miliciens afin de découvrir l’organisation du maquis. Ils resteront sans nourriture pendant 3 jours où, même les provisions fournies par les familles ne seront pas distribuées. Peu de charges, retenues contre eux, pas d’armes, depuis peu dans la résistance ils allaient être libérés. MAZARD et BORDERIES le furent le Vendredi 21 juillet.

Les maquisards détenus depuis le 17 juillet à la caserne DOUMERC sont conduits dans la nuit du 23 au 24, place du Maréchal Pétain, face à la préfecture. On y installe des gibets.

   En arrivant deux résistants s’enfuient dans un immeuble proche mais sont repris, les allemands leur ayant tiré dessus.

Deux versions de cette arrivée :

  1. Vers deux heures du matin des coups de feu faubourg « La Capelle » alerte un gardien de la paix en faction, il avertit le commissariat qui envoie des renforts. Mais arrivés sur les lieux la feldgendarmerie leur fit comprendre, qu’ils devaient se retirer de la place.
  2. Un bruit de camions sur la place, bruit de chaines, de gémissements. Impossible de distinguer ce qui se passe sur la place dans la pénombre raconte Madame CHAZARAIN, 13 ans à l’époque, son grand père propriétaire du café Raymond place du Maréchal Pétain, ayant entrouvert les volets.

Personne ne vit rien jusqu’au lever du jour où furent découverts 4 hommes A CASTEL, H JOUANNY, A HUGUET et Michel MELANED pendus dos contre dos à deux acacias de la place. (photo prise par Amédée PAGES qui était caché derrière une haie de la préfecture) 

Les allemands avaient fait un exemple, ils s’installèrent même au café qu’ils avaient fait ouvrir. Les Montalbanais découvrirent cet horrible spectacle dans la matinée.

H LESPINET s’échappe après avoir enjambé le ruisseau Lagarrigue et se cache dans un jardin rue des Doreurs. Récupéré au matin il succombe à ses blessures à l’hôpital où il a été conduit le 24 juillet 1944.

Les pendus vont rester exposés sur ordre de la gestapo, mais le Préfet et 2 religieux interviendront pour que ces corps soient enlevés afin de les inhumer au cimetière municipal.

Les 16 et 17 Août la gestapo et la milice quittent précipitamment Montauban.

Le 19 Août une colonne allemande voulant traverser la ville est repoussée.

Le 24 Août la ville de Montauban est libre.

Fin Août 44 des témoins révèlent avoir assistés à une drôle de scène. Le 26 juillet 44 deux hommes, André JOUANNY et Lucien LESPINET sont amenés en lisière de forêt au lieudit « Châteauroux » près d’une fosse où ils sont obligés de descendre. Un tir de pistolet atteint un des résistants qui entraîne l’autre dans sa chute. Ils seront enterrés vivants ? en présence du capitaine SS KORN et d’un milicien Joseph KILIAN.

Après la libération, les allemands partis, 2 fermiers voisins Aimé BIRABEN et Antonin COMBERIAC, entre la forêt de Montech et le bois de Boutanelle, révélèrent ce qu’ils savaient à ce sujet : le 26 juillet une estafette allemande leur a ordonné ainsi qu’à leur famille de rester chez eux. Biraben courageux, montant sur l’étable au-dessus des vaches observa ainsi par une fente le lieu-dit « Châteauroux », qui n’était qu’à une centaine de mètres de chez lui (près du château de Pérignon) les faits relatés ci-dessus.

Le propriétaire de ce lieu-dit Elie MATALY et son fils Maurice aidé du garde champêtre Jean ARROMAN déterrèrent les corps.  

Le 26 août un hommage solennel leur sera rendu. La place du Maréchal Pétain où furent pendus les résistants deviendra la place des martyrs. Une dalle de pierre et une plaque de bronze entre les deux acacias commémorent ce triste jour.

En Octobre 1944, en la cathédrale de Montauban aura lieu une cérémonie officielle avant que les corps des résistants ne retrouvent leur terre d’origine.

 

NB : en 2015 un acacia malade puis mort est retiré. Il en sera de même pour le second enlevé en 2018.

          Un mémorial sera disposé sur cette place puis deux acacias y seront replantés ainsi qu’une stèle.

 

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