Il y a 225 ans, la mort de « M’sieur Henri »

Le 28 janvier 1794, il y a tout juste 225 ans, Henri du Vergier, comte de La Rochejaquelein, tombait sous les balles d’un grenadier républicain.

En ce mois de janvier 1794, les Vendéens ont déjà perdu plusieurs de leurs prestigieux généraux : Jacques Cathelineau (1759-1793), Charles de Bonchamps (1760-1793), Louis de Lescure (1766-1793), Maurice d’Elbée (1752-1794). La virée de Galerne a été un échec. Cette campagne militaire qui avait pour objectif de rejoindre Grandville (Manche) afin d’y trouver des renforts en provenance d’Angleterre se termine le 23 décembre 1793 par le terrible massacre de Savenay. L’infâme Jean-Baptiste Carrier (1756-1794) instaure la terreur à Nantes en multipliant les exécutions sommaires par fusillade et surtout par ce qu’il appelait la « déportation verticale », c’est-à-dire la noyade de nombreux hommes, femmes et enfants, la grande majorité vendéens et chouans.

La guerre fait toujours rage et, le 27 janvier, les Bleus (républicains) projettent d’incendier, le lendemain, le village de Nuaillé, situé entre Cholet et Vezins, où une chapelle perpétue le souvenir d’un grand massacre au temps des colonnes infernales. C’est dans cette forêt que Henri de La Rochejaquelein, à peine 21 ans et généralissime de l’Armée catholique et royale, bivouaque avec ses troupes, fortes d’environ 400 hommes. Il a été prévenu de l’arrivée des ennemis républicains. Son idée de manœuvre est de prendre les Bleus, en embuscade, à revers et sur les flancs, dès qu’ils seront en point de mire.

De nombreux récits et autant de versions ont tenté d’expliquer ce qui s’était passé ce 9 pluviôse de l’an II. Une grande majorité s’accorde, toutefois, à reconnaître que le récit de Jacques Bouchet, témoin de ce drame et mort à Cholet en 1872, est l’un des plus sûrs.

Selon lui, les Bleus, qui comptent 400 hommes dans leurs rangs, sont surpris et après une fusillade de trois quarts d’heure, ils sont mis en déroute. La Rochejaquelein et ses hommes poursuivent les soldats républicains.

Arrivé au pré de la métairie de la Brissonnière, sur le bord de la route de Nuaillé à Cholet, le généralissime aperçoit, à cent mètres environ de lui, un grenadier d’une taille gigantesque qui fuit à toutes jambes : « Arrête, grenadier », lui crie-t-il, « tu n’auras pas de mal ».

Le grenadier s’arrête, abaisse son arme, se retourne et avance avec La Rochejaquelein. Il continue d’avancer. La quinzaine de soldats vendéens qui suivent leur chef le mettent en garde. Le grenadier arbore un visage fermé, farouche. « M’sieur Henri. Défiez-vous. Il va vous tuer », implorent à plusieurs reprises les soldats blancs. « Mais non, il se rend », leur répond à chaque fois le généralissime.

Le grenadier n’est plus qu’à quelques pas quand, soudain, il relève son fusil, fait feu et tue le jeune chef vendéen.

Une dizaine de soldats volent au secours de La Rochejaquelein pendant que cinq autres courent après le meurtrier. Jacques Bouchet est l’un d’entre eux. Ils finissent par le retrouver, l’encercler et le transpercer de leurs baïonnettes. L’histoire a oublié le nom de l’assassin.

La mort du jeune généralissime va rester secrète quelque temps, pour ne pas démoraliser les troupes et ne pas réjouir les républicains. Son corps est caché et ne sera retrouvé que sous la Restauration. La dépouille d’Henri de La Rochejaquelein repose, depuis, dans l’église de Saint-Aubin-de-Baubigné, sa ville natale.

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