« Papa, il y a 78 ans que tu me manques » voilà la lettre que je pourrais adresser à mon père mort au combat.
Grandir sans père est un fardeau que l’on porte toute sa vie, qui s’alourdit si la mère a aussi disparue.
Ils sont 800 000 le 11 Novembre 1918 au soir, 800 000 à supporter cette épreuve, sans compter les quelques 300 000 pères malades, blessés ou gazés qui décéderont les années suivantes
Donc 1,1 million d’orphelins de guerre en 1929, soit plus d’un jeune sur 10 ou 12.
Ils ne sont pas oubliés : un statut de Pupille de la Nation est créé le 27 juillet 1917, loi votée à l’unanimité moins 25 voix, députés de la droite cléricale qui craignent que le ministre de l’instruction publique ne les éduque de façon laïque.
Autre problème : que faire des orphelins Alsaciens Lorrains dont certains pères sont morts pour l’Allemagne ?  Le parlement décide que tous les enfants sont égaux dans le malheur d’avoir perdu leur père.
Albert Camus, Paul Ricoeur participent peu à l’euphorie de l’après- guerre.
Jean Louis Barrault battu par son instituteur car ne manifestant pas assez sa joie pour l’armistice. 
Tous ces morts ont leur nom gravé sur le monument aux morts du village, érigé pour la circonstance.
Le père mort représente un modèle pour ses enfants : H Queffelec passe le concours de Saint Cyr pour remplacer son père qui y était officier.
J de Romilly passe l’agrégation pour devenir professeur de lycée comme son père, puis accède au Collège de France et à l’Académie Française
Des mères, si encore présentes, parlent du passé. Sinon famille d’accueil ou tuteurs se taisent.
A Camus interroge sa mère sans succès.
Il paraît que l’orphelin n’arrive pas à devenir un vrai adulte dit JL Barrault.
Ceux qui restent des enfants sans père, se sentent seuls, ont tracé leur parcours de vie sans rien réclamer, se sont accrochés pour ne pas oublier la douleur qui elle ne s’est pas achevée le 11 Novembre 1918.
A l’orphelin on donne quelque fois le prénom du père disparu, pour le faire revivre !!  Porter un nécronyme peut être un fardeau.
 
Citation : Jusque sur les bords de sa vie, on porte son enfance (Andrée Chedid femme de lettres et mère de Louis Chedid).
 
NDA :  Hormis les chiffres ce texte s’applique à 39/45, et personnellement mon père étant instituteur je suis devenu enseignant. (voir § plus haut)

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