Au cours de la seconde guerre mondiale, le très réactionnaire empire nippon occupe l’Indochine et soumet les autorités françaises. Après la fin de Deuxième Guerre mondiale en Europe, le 8 mai 1945, le général De Gaulle, président du gouvernement provisoire de la République Française, décide, le 7 juin 1945, de désigner Leclerc comme commandant des forces françaises en Extrême-Orient pour combattre le Japon. La nouvelle donne politique en Indochine : la conférence de Potsdam du 17 juillet au 2 août 1945 à laquelle participe : Truman, Eden, Staline, Churchill, prône un partage de l’Indochine en deux zones de part et d’autre du 16è parallèle, La Chine au nord, la Grande-Bretagne au sud. Cette décision marque le point de départ des nombreuses difficultés que rencontrera la France pour son retour en Indochine, en particulier avec la Chine. La souveraineté de la France en Indochine n’était pas reconnue de facto.
Lorsque Hiroshima entraine la défaite japonaise, Hô Chi Minh proclame, le 2 septembre 1945, l’indépendance du Vietnam à Hanoï. La France mandate legénéral Leclerc comme commandant supérieur des troupes et l’amiral d’Argenlieu Haut-commissaire de la France, dans le but de construire une confédération Indochinoise autonome au sein de la nouvelle Union Française.
Leclerc va entrer en action de janvier à juillet 1946. L’objectif est de contourner la résistance chinoise au nord du 16è parallèle et de reprendre pied au Tonkin. Il prône une politique de négociations. Avec les Chinois avec le traité du 28 février 1946, avec ensuite le vietminh d’Hô Chi Minh en signant une convention le 6 mars 1946 qui reconnait le Vietnam comme un état libre intégré dans l’Union Française.Le 18 mars 1946, Leclerc rencontre Hô Chi Minh pour sceller la libération de l’Indochine.
En juin 1946, Hô Chi Minh se rend à Paris pour ratifier cet accord. C’est un leurre, jamais les discutions avec le gouvernement ne pourront aboutir. L’Histoire retiendra que Leclerc fut l’inspirateur des accords du 6 mars 1946. On peut supposer que le général, en opposition avec la politique menée par d’Argenlieu, devenu haut-commissaire, l’issue des évènements eut été différente…
En juillet 1946, le général Leclerc demande son rappel en France, compte tenu des désaccords qui l’opposent à d’Argenlieu. Le pire est à venir.
 
Le 3 novembre 1946 le port de Haiphong est bombardé après de multiples accrochages. Le 19 décembre suivant, les troupes vietminh provoquent une insurrection. C’est le début de la guerre d’Indochine. Hô Chi Minh avec son gouvernement prend le maquis.
 
La France renforce son effectif. Une grande partie du contingent est constitué par la population locale ralliée à la France, à ses valeurs. Ces Vietnamiens représenteront plus de 40 000 hommes en 1950, soit le tiers des effectifs de l’armée française en Indochine.
Hô Chi Minh s’est réfugié dans le Nord du Tonkin, proche de la frontière Chinoise. C’est là que le corps expéditionnaire français rencontre le plus de difficultés, en particulier le long de la route RC4, de Lang Son à Cao-Bang, qui alonge ses 116 km le long de la frontière de la Chine. Cao- Bang, au plus près de la frontière chinoise, permet d’intercepter les aides chinoise vers le vietminh.
En octobre 1949 se produit un évènement majeur : la victoire des communistes de Mao qui précipite les débris de l’armée chinoise de Tchang Kaï-chek à la frontière du Vietnam.
Pour le vietminh d’Hô Chi Minh les choses changent. La reconnaissance officielle de son gouvernement par la Chine et l’URSS en janvier 1950, lui apporte un soutien moral de poids. Mais c’est surtout sur le plan matériel que l’aide chinoise en armements et formations, va permettre au vietminh de mener une guerre moderne.
La France se retrouve, malgré elle, en première ligne de cette guerre idéologique entre les deux blocs : communiste contre non communiste. La guerre d’Indochine vient de changer de nature. Elle devient partie prenante de la guerre froide. Le Maréchal Juin s’exprimait dans ce sens devant ses hommes : « Vous avez une mission, c’est de combattre le communisme qui, actuellement, gangrène tout l’est asiatique, vous êtes les porteurs de cette mission, c’est votre devoir. »
Depuis le début de l’année 1950, la situation ne cesse de se dégrader. La RC4 est devenue impraticable. La bataille de la RC4 va couter plus de 5000 tués, blessés ou prisonniers sur les 7000 hommes engagés dans cette opération.
 
Du 13 mars 1954 au 7 mai 1954, La bataille, suivie de la chute de Diên Biên Phù,scelle le destin de la présence française en Indochine.Une fois le cessez-le-feu signé, sur les 11.721 soldats français du camp faits prisonniers, dont des blessés, seuls 3.290 sont rendus à la France dans un état sanitaire catastrophique, squelettiques, exténués.
Les cohortes des prisonniers, captifs du vietminh, vont être dirigés vers des camps, après des marches forcées qui, pour certains, ont dépassées 1200 km . Ils vont pour beaucoup succomber dans des conditions inhumaines. Ceux qui étaient trop faibles mouraient ou étaient achevés.Les autres furent internés dans des camps avec des conditions de vie effroyables. Ainsi leur alimentation quotidienne se limitait à une boule de riz pour les valides, une soupe de riz pour les agonisants. Un grand nombre de soldats sont morts de dénutrition et de maladies. Ils n’avaient droits à aucun soin médical, les quelques médecins captifs étaient tous assignés dans la même paillote, avec interdiction d’en sortir. Les prisonniers devaient également subir un matraquage de propagande communiste avec endoctrinement politique obligatoire. Le témoigne d’un rescapé fait ressortir une corrélation avec les camps d’extermination nazis où étaient enfermés des déportés résistants.Le taux de mortalité des prisonniers dans les camps vietminh était de 71%.
Lorsque le vietminh libère au fil du temps, au grès des événements, leurs prisonniers, leur état laisse peu de doute quant à la réalité des conditions barbares de détention qui ont été les leurs.
Leur retour en métropole n’est pas fêté, loin de là. La majeure partie de l’opinion se désintéresse de ce conflit lointain et de ses péripéties. Seul le parti communiste français, qui suit la ligne de Moscou, fait de ces soldats sacrifiés les méchants de l’histoire.  Le parti communiste dirigé par Maurice Thorez, qui après la signature du pacte germano-soviétique, avait déserté et trouvé refuge en URSS de 1939 à 1945. Le 16 janvier 1947, il aborde Leclerc et lui dit : « j’ai lu votre rapport sur l’Indochine, j’approuve entièrement vos conclusions…… »
Pourtant parmi ces soldats qui retrouvaient la mère-patrie, certains avaient combattu au sein de la résistance française, ou fait partie des FFL, s’étaient battus pour libérer le pays de l’occupation nazie. Il a fallu débarquer les blessés de nuit à Marseille, pour leur éviter des jets de cailloux, de boulons. Des cercueils ont été lapidés. Beaucoup de soldats rescapés ont été violements discriminés dans la recherche d’un emploi….
La guerre terminée, malgré leur bravoure, leurs souffrances, ces hommes devront attendre le décret du 26 mai 2005 instituant une journée nationale d’hommage « Aux Morts pour la France » en Indochine, le 8 juin de chaque année. Cette journée d’hommage commémore le transfert, à la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette, de la dépouille du Soldat Inconnu d’Indochine le 8 juin 1980.
Enfin, la Nation tout entière reconnait le mérite de ses fils envoyés en enfer. Ils sont 100.000 à avoir fait le sacrifice de leur vie pour la liberté de ces peuples d’Asie du Sud-Est. Il faut y ajouter 76.000 blessés, 40.000 prisonniers dont 30.000 ne sont jamais revenus.
Paix à leur âme.
 
Michel Sarlandie


 

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