29 AVRIL 2018
Inlassablement, elle parle aux collègiens!
Combien ont fait silence dès qu’elle entame cet éprouvant récit, celui de la noire année de ses vingt ans ?
À 93 ans, Jacqueline Teyssier n’en finit pas d’aller encore et toujours raconter, témoigner, rapporter. Quand elle commence et parle du Paris des années 30, du Front populaire, de la compagnie industrielle des téléphones où elle travaillait à l’âge de 16 ans, sa voix étonnamment ferme semble retrouver comme un soupçon de gouaille populaire.
Et puis, quand surviennent la douleur et les jours brisés, la voix restée ferme semble se concentrer sur les choses, rien que les pauvres choses qui permettaient non de vivre mais de ne pas mourir.
Dénoncée, arrêtée par la milice le 6 mai 1944, déportée comme Juive à Auschwitz puis à Bergen-Belsen, Jacqueline Teyssier a été libérée le 15 avril 1945.
Aujourd’hui encore, la vieille dame le sait, le silence des élèves qui l’ont écoutée, s’épaissit à la fin de son récit.
C’est qu’avec ses mots « simples, pas savants », elle dit les cris, les chiens, les bourreaux, la nuit, les corps, la faim, son poids de 28 kilos à son rapatriement par avion sanitaire.
Elle les dit et les rappelle comme une nécessité. (extrait d’un article du journal l’Est républicain )
Ce 29 avril 2018
Devant un parterre de Personnalités ,d’ Elus locaux et représentants d’Associations, c’est elle qui a pris la parole pour dire » plus jamais ça » lors de cette cérémonie d’hommage qui s’est tenue au monument aux Morts de la Déportation.
Frêle silhouette, courbée sous le poids de ses 93 ans, le regard pétillant et vif elle impose le silence et le respect!
Elle a été proche de Simone Weil dans l’enfer des camps!
Elle porte dans sa chair les stigmates de cet enfer, son numéro de matricule.
Devant les témoignages de compassion, elle sourit et dit » Mais mon petit, la vie c’est comme ça »
Jacqueline Teyssier,
nous sommes souvent à ses côtés, nous pupilles et orphelins comme ce 29 avril , pour dire plus jamais ça et faire vivre « la mémoire ».
Il y avait aussi des représentants de tous les corps d’Armées, entourant le Directeur de Cabinet du Préfet et une haie de drapeaux.
La fanfare des Sapeurs Pompiers a magnifiquement interprété la Marseillaise puis le chant des Partisans.
Une émotion particulière a saisi l’Assemblée lorsque retentirent les premières notes du « chant des Marais » cet hymne des Déportés qui a été joué dans la cour des invalides , accompagnant le cercueil de Simone Weil!
Nous nous sommes inclinés dans un même élan de Fraternité!
Christiane Dormois
Quelle émotion cela doit être que d’écouter cette Dame raconter sa jeunesse volée!
Cela me donne des frissons , il m’est impossible de regarder un film concernant les déportations…
Je souhaite qu’elle puisse encore longtemps faire partager à toute cette jeunesse les affres de la guerre et de la violence dont peuvent faire preuve des hommes avides de carnage …Il faut que la mémoire de ces horreurs leur fasse dire :
« Plus jamais cà «