LA RÉSISTANCE EN HAUTE GARONNE  

 

Ils étaient 3 Fonsorbais.

JEAN D’ALIGNY   

Né le 17 novembre 1909 à Pau. Son père Déodat, propriétaire depuis 1902 de la propriété de Béguière à Plaisance du Touch, lui donne en héritage en 1930 le domaine d’Esquidé près de Fonsorbes1, qu’il remet en valeur.

Orphelin de mère à 11 ans il est élevé par son oncle Pierre Lafond diplomate en Tunisie puis en Syrie.

Il revient en France pour effectuer son service militaire à 19 ans.

Plusieurs cordes résistantes à son arc :

  • Membre du réseau « Prunus », il est nommé adjoint civil d’André Pommiès (initiateur des « corps francs ») après l’aval du CDM2 (camouflage matériel)
  • Contact avec le réseau Morhange (traité précédemment)
  • Contact avec réseau O’Leary du docteur belge GUERISSE situé hôtel3 de Paris rue Gambetta à Toulouse. (traité précédemment)

 

L’opération suivante se déroule en 2 temps : avant l’occupation de la zone libre fin 1940, fin 1942.

 

Il va réussir un sacré tour de force en cachant environ 3 tonnes de matériel (engins lourds, armes, munitions, grenades obus mortiers) et une radio émetteur/récepteur le tout dans son jardin potager et dans les bois attenants. Stock qui ne sera jamais utilisé et transféré paraît -il à la gendarmerie de Saint Lys après la libération.

D’autres caches, moins importantes, seront aussi utilisées dans le département.

 

Il accueille, héberge Marcus Bloom (alias Michel) opérateur radio mais aussi André Pommiès, Robert Cunillera (condamné par Franco), le Dr Jacobson (condamné en Roumanie) et Jeanine Morisse, agent de liaison du réseau Prunus.

Ceci avec l’aide précieuse de sa compagne Yvonne Lagrange, alias « YVON ».

 

Il sera soi-disant dénoncé à la gestapo par Platt, alsacien gérant le domaine, infiltré dans le réseau.

Et Jean d’Aligny, Bloom4 (alias Michel), Yvon et quelques autres seront arrêtés le 15 Avril 1943.d’autres arrestations avaient eu lieu à Toulouse les 12 et 13 Avril.

La gestapo découvre l’attirail « radio » dans la chambre de Bloom à qui on avait pourtant demandé de bien le dissimuler.

 

Jean d’Aligny sera emmené à la prison militaire Furgole à Toulouse jusqu’à Mai 1943 où il sera interrogé et torturé. Transféré à Fresnes (Paris) puis au camp de Neue Bremm le 8 Novembre 43 avant de partir à Buchenwald le 18 Novembre, affecté ou plus précisément tatoué du n° matricule 28391.

En juillet 1944 il est à nouveau déplacé au Natzweiler- Struthof aves 8 autres en tant que NN5.

Il sera libéré en Mai 1945 par l’armée US au camp de Dachau.

 

Revient s’installer dans son domaine de Fonsorbes, qu’il quittera plus tard pour aller vivre, avenue des Etats-Unis à Toulouse avec sa compagne « YVON »

 

Il décède le 15 janvier 1991 à Villefranche de Lauragais et est inhumé à Seyre près de Nailloux (Haute Garonne)

 

Croix de Guerre 39/45 avec palmes, Chevalier de la Légion d’Honneur.

 

HENRI BERTRAND CALVAYRAC

Né le 27 Août 1912 à Toulouse.

Travaille à la mairie de cette ville. Vit à Fonsorbes à la ferme Troubet avec son épouse et ses 2 garçons.

Participe à la résistance, dissimule les armes parachutées par l’Angleterre dans la clairière, chemin Las Fious

Commande aussi une fraction de l’armée secrète.

Août 1943, arrêté par la gestapo et emmené à la prison Saint Michel de Toulouse. Il suivra ensuite le classique parcours Fresnes, Neue Bremm (près de Sarrebrück) comme NN.

Le 6 décembre 1943 déporté à Buchenwald avec le matricule n° 8471. Travaillera à Dora-Ellrich puis retour à Bergen-Belsen où il va décéder peu avant l’arrivée des Anglais.

 

Chevalier de la Légion d’honneur, Croix de Guerre avec palme, Médaille de la résistance.

 

YVONNE LAGRANGE..

Née le 28 Septembre 1909 à Carcassonne.

Infirmière à Toulouse où elle rencontre Jean d’Aligny en 1934.

Intégrée au réseau « Prunus » un mois avant Jean soit en Octobre 1942.

 

13 avril 1943 : Yvon venant de Toulouse, arrive à la gare de Fonsorbes. Henri Bertrand CALVAYRAC, voisin de Jean d’Aligny est sur le quai et lui signale que la gestapo est au domaine d’Esquiré.

 

Se trouvait dans le même train André Pommiés qui était déjà en route pour ce domaine. Elle le rattrape, le met au courant. Il se cache aux alentours en attendant la nuit plus propice pour regagner Toulouse…… à pied.

Yvon, malgré la mise en garde de Pommiès, craint pour Jean d’Aligny et rejoint malgré tout l’Esquiré, où elle est aussitôt arrêtée et dirigée vers la prison de Furgole à Toulouse.

 

28 mai 1943 direction Fresne et transfert à Ravensbrück, où le matricule n° 27735 lui est attribué.

24 juin 1944 part au Kommando Hanovre-Limmer (fabrique de masques à gaz).

 

Libérée le 10 avril 1945 et affaiblie elle rejoint Jean d’Aligny à Fonsorbes.

 

Décède le 4 septembre 1976 à Seyre où elle est inhumée à coté de Jean.

 

 

Notes :

1°) ville à 20 km au SW de Toulouse. Les 1 ers parachutages y ont été effectués dès 1941,chemin Las Fious.

stèle 1er parachutage à Fonsorbes

 

2°) CDM organisation clandestine ayant pour but après la défaite de 1940 d’empêcher la Wehrmacht de récupérer tout matériel.

3°) servait de relais aux résistants. Les propriétaires, le couple Montgelard, furent arrêtés en Février 1943, déportés à Bergen Belsen où le mari Stanislas trouva la mort.

4°) mort en déportation à Mauthausen (exécuté le 6 Septembre 1944).

5°) NN : Nach und Neubel, un décret du 7 Décembre 1941 qui stipulait que tous les opposants au Reich devaient disparaître le plus secrètement possible.

 

NDA : des éléves du collège Cantelauze de Fonsorbes, ont avec leurs professeurs d’histoire, fait un remarquable travail mémoriel sur ce thème. Expo permanente dans ce collège. Partenariat avec la mairie de Fonsorbes. Mémoire : les amis de Jean d’Aligny.

 

 

Sources : archives de la Haute Garonne, archives communales de Fonsorbes, sites internet classiques.

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