René ESCAFFRE gendarme gersois en 1944…..mais pas que ! !
photo Yad Vashem
Né à Toulouse le 17 mai 1905 dans une famille de sept enfants dont le père travaille dans le commerce de confection.
Il effectue son service militaire à Montpellier dans la gendarmerie. Cette arme lui plait, il s’y engage très jeune et fortement motivé il accède à plusieurs grades rapidement : brigadier en septembre 1925, maréchal des logis en avril 1926.
Il est gendarme à cheval en 1927 dans la 12 ème légion de gendarmerie. De mars 1928 à avril 1931 il est affecté dans une compagnie de gendarmerie corse, puis à Toulouse dans la 17 ème légion. De janvier 1940 à septembre 1941, il est à Beyrouth (Liban), alors sous administration française.
Plusieurs fois muté, système inhérent à la gendarmerie, ces mutations prennent fin en janvier 1944 où il est sédentarisé, étant affecté à la brigade de gendarmerie de Samatan (Gers). Laquelle unité fait partie de la légion de gendarmerie de Gascogne.

photo archives familiales
Mais vous aurez compris que c‘est dans une mauvaise période : la seconde guerre mondiale.
Ce contexte va le décider à combattre à sa manière, son métier lui imposant certaines directives mais d’autre part lui permettant d’en influencer d’autres.
Février 1943 : il a ordre d’arrêter un certain Aron Langbort, juif étranger arrivé depuis peu avec sa femme et leur petite fille de 10 ans, Clara. Tôt le matin il se précipite chez cette famille non pas pour accomplir sa mission mais pour désobéir à l’ordre reçu. Il les invite à aller se réfugier au presbytère de la ville, d’autres compatriotes y sont déjà : Fishel Jampel et Armand, Oscar, Séverin Adner et leur mère, Golda. Le curé évidemment apportant son aide.
Son courage et son aversion pour tous ces ordres Vichyssois, le font encore intervenir le 5 juin 1944 (veille du débarquement). Au courant d’une possible rafle il part, la nuit tombée, récupérer plusieurs familles : Golda et Clara Langbort, Hanna Jambel et sa fille Monique ainsi qu’Armand Adner et sa mère. A pied ce petit monde est conduit dans une ferme isolée à 15 km de Samatan, la ferme Naudes, où les deux jeunes filles, Clara deviendra Jeanne Naudes, Monique également.
Une désobéissance hiérarchique, mais des vies sauvées. Aron Langbort 36 ans, Tischel Jampel, Oscar et Séverin Adner s’engagent au maquis. La famille reste à Samatan jusqu’au 5 juin 1944
René est conscient que ses exploits peuvent mettre, s’ils sont découverts : fin à sa carrière, voire à une condamnation sévère mais aussi impacte sa famille. Qu’importe ce sont 10 personnes juives épargnées
Après la guerre René sera gendarme à Dakar (Sénégal) de 1946 à 1949.
Retour en France où il prend sa retraite en 1951. Il en profite quelques années jusqu’à son décès le 20 mars 1959.
Cette dangereuse bravoure sera récompensée, enfin récompensée dirais-je, par l’attribution du titre de « Juste parmi les Nations » le 24 août 2022 sur intervention de Yad Vashem.
Concrètement effectuée à titre posthume le 18 mai dernier 2025 à Samatan envers ses trois enfants Danièle, Christian et Marie-Thérèse avec remise du diplôme d’honneur et de la médaille (avec gravure « quiconque sauve une vie, sauve l’humanité entière » citation tirée du Talmud) en présence du maire Hervé Lefebvre, ravi que sa commune soit ainsi honorée. Des collégiens ont participé à cet événement en lisant des poèmes ou en entonnant quelques chants patriotiques.

les jumeaux Christian et Marie-Thérèse avec Danielle
Une stèle est érigée place des Cordeliers à Samatan

collégienne à coté de la stèle (photo gendarmerie)
Etaient aussi présentes les familles Langbort, Jampel et Adler.
Les trois derniers enfants de René ESCAFFRE ont pensé fort à lui ce dimanche 18 mai dernier (sont décédés : Huguette, Jean, André et Michèle)
Ceci a été possible grâce à Francine Théodore-Lévêque, déléguée régionale de Yad Vashem.
René fait partie de ces courageux résistants, restés dans l’anonymat. Il n’a jamais rien réclamé, ni honneur ou autre, il a su rester humble.
Que la jeunesse d’aujourd’hui réfléchisse en découvrant ces moments marquants et qu’elle transmettre ces faits mémoriels autour d’elle. En parler c’est éviter le retour d’une telle période, l’actualité nous le rappelle parfois.
Sources : sites internet, la DPM, le journal du Gers, Yad Vashem, archives gendarmerie. Photos : archives familiales,gendarmerie
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