Noël HAPPE gendarme déporté à 26 ans en 1944
27 juillet 1944 : 6 h 30 la ville est encerclée, la gestapo et la milice arrêtent entre 250 et 300 habitants de la petite bourgade tranquille de Loches (Indre et Loire) et les parquent dans la cour de l’école de filles « Alfred de Vigny ». Certains seront interrogés, voire torturés. On les oblige à rester debout jusqu’à 15 h.
Parmi ces prisonniers se trouvent 36 gendarmes à qui est reproché leur faible efficacité aux cotés de leurs homologues allemands. Et pour cause, ils ne traquaient pas les réfractaires au STO et ils aidaient surtout les résistants et dirigeaient les parachutages.
La gestapo décide d’incarcérer 64 de leurs prisonniers (58 hommes et 6 femmes), à la prison de Tours (Indre et Loire) dont nos 36 gendarmes rebelles. Noël HAPPE était affecté à la gendarmerie de Preuilly sur Claise, à 35 km de Loches.
Début août, le 10, un train de déportés venant de Rennes, s’arrête à la gare de La Ville aux Dames, 6 km à l’Est de Tours Les détenus prennent ce train pour un voyage de 10 jours à destination de Belfort, sans ravitaillement aucun, puis internés au fort Hatry.
31 août : ce contingent quitte Belfort pour le camp de Buchenwald mais n’ayant plus de place. Ce sera Neuengamme (S/E de Hambourg) pour les hommes et Ravensbrück, réservé aux femmes. Descente du train avec cris et cravache, déshabillage, rasage complet de la tête aux pieds. Ils deviennent des objets, affligés d’un numéro matricule (stucks) 43729 pour Noël HATTE. Ils revêtent une tenue pas très seyante mais voyante ! ! : veste et pantalon aux rayures bleues et blanches, encore faut-il trouver la bonne taille.
Mais Noël n’y reste que trois jours car il est envoyé à Wilhelmshaven à 200 km de là où se trouve un chantier naval de guerre (sous-marin de poche). Il travaille 12 heures par jour à la menuiserie, avec une brève pause méridienne mais avec interdiction de s’appuyer où que ce soit. Tous les matins ; 5 h sirène, en rang dehors et il faut répondre à l’appel de son nom, sinon c’est 25 coups de cravache, l’objet préféré des SS. assorti à leurs bottes.
Avril 1945 : il est libéré, va d’un camp à un autre, ces derniers fermant les uns après les autres puis terminus à Flensbourg, au nord, ville portuaire face au Danemark. Noël et ses compagnons de galère sont pris en charge par la Croix Rouge suédoise pour 2 mois de soins à Malmö (au S/E de la Suède). Noël Happe est maigre, 38 kg, à tel point qu’il a failli être déclaré comme mort.
La guerre finie, retour au pays le 16 juillet, rapatrié par avion au Bourget, puis à l’hôtel Lutétia, lieu de recensement des rapatriés et de recherche des familles Mais Noël ne parlait pas de ce qu’il avait vécu et enduré, comme la plupart des rescapés. Evénements trop récents les ayant trop marqués. Ajouter à cela, que leurs récits étaient souvent perçus comme irréalistes et pourquoi lui est-il revenu ? Seulement 16 sur les 66 en revinrent.
Noël HATTE, résidant à Joué les Tours, décède en septembre 2015, il avait 95 ans et était né le 25 décembre 1918 à Hellendoorn ( Nord-Est des Pays-Bas).
Son fils Joël a relaté l’histoire de son père pour la première fois face à 200 lycéens de Loches, le 7 mai dernier au cinéma « Le Royal Vigny ». Evénement suscité par le lycée privé professionnel agricole « Sainte-Jeanne d’Arc », cité scolaire « Grand Vau »

Joél HAPPE ,le fils, devant les élèves
Les élèves à l’écoute de Joel HATTE
Les autorités lors de la commémoration de 2021
Les porte- drapeau à cette même commémoration
Un livre de Bernard Briais sur la rafle de Loches a fait émerger cette histoire.
une stèle :
Sources : internet et ADIRP 37/41 (association de résistants et déportés de ces 2 départements pour pérenniser cette mémoire). Photos : La Nouvelle République, ADIRP 37, mémoire de guerre.
Merci à ces élèves pour l’attention apportée à l’écoute de ce récit verbal. Faites perdurer cette mémoire. Soyez attentifs aux événements actuels.
Remerciements aussi à Joël HATTE honorant la mémoire de son père, rappelant combien il est important de ne rien oublier.
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