Bernard DUVAL, un caennais connu nous a quitté.

 

Né le 10 mai 1925 rue du Gaillon à Caen. Son père est un ancien poilu. L’occupation allemande est un affront pour Bernard, les sacrifices de 14/18 n’ont servis à rien, balayés, réduits à néant tout cela, Bernard Duval ne l’accepte pas.

Avec plusieurs amis du quartier Saint Julien de Caen, il va s’opposer à la présence ennemie, en déchirant leurs affiches de propagande, Ils se régalent à ce petit jeu quoique, un peu dangereux.

Ayant entendu l’appel du Général De Gaulle depuis Londres, le clan va réaliser une propagande à son nom. Affiche pour affiche n’est-ce pas !

1941 : Après 2 ans d’apprentissage, il est ouvrier chez les établissements DORÉ, construction en bois. A 16 ans il fabrique des portes pour les cellules de la maison d’arrêt ou prison de Caen, car l’entreprise a été réquisitionnée par l’occupant, qui possède déjà à de nombreuses arrestations.

Le travail fini il est désigné pour aller poser une porte à la prison. Sur son parcours, dans la prison, il croise un détenu : une connaissance, André Michel un peintre décorateur. La porte posée, un autre détenu l’aborde et lui demande de sortir discrètement 2 lettres. Il accepte, bien que connaissant ce qu’il risque, les sentinelles fouillant les intervenants.

Comme cache il avait trouvé l’arrière de ses pieds, dans les chaussettes. Malgré le froid cette situation le faisait transpirer, avec la peur d’être démasqué.

Non, les missives sont arrivées à leur destinataire, qui a même fourni une réponse à ramener à la prison, ce qui fut fait.

Ce sera son 1er acte de résistance. Il a su bien après, qu’il venait d’aider  André Michel1le chef de la résistance locale du réseau « Hector »

Début 1942 : il rejoint le réseau communiste du Front National2, enrôlé par un de ses amis, Bernard Boulot. Tous les deux vont consigner l’avancement des travaux de fortification entre Ouistreham et Asnelles. Ces repérages se faisaient à vélo, prétextant éventuellement qu’ils allaient se ravitailler dans les fermes environnantes.

10 mars 1944 : un des membres du réseau est arrêté, il parle sous la torture. Conséquence Bernard Duval, 19 ans, est arrêté lui aussi, en dernier par 2 officiers de gendarmerie français. Sa mère réalisant la situation l’invite à s’enfuir par le jardin situé à l’arrière, mais il refuse de peur qu’on s’en prenne à elle. Vous auriez fait de même sans doute !

Conduit rue des Jacobins au siège de la gestapo, « Albert ! » un officier allemand l’interroge et le torture, lui infligeant nombre de sévices corporels, jusqu’à la promesse d’être fusillé.

Il est reconduit au rez-de-chaussée, il ne sait comment il a réussi à descendre l’escalier tellement il était faible.

Ensuite transfert vers la prison de Caen où il est incarcéré dans une cellule, la 27, dont la porte est l’une de celles qu’il a installée. Un clin d’œil ? il y restera 3 mois.

Mai 1944 : un dernier convoi part de la maison d’arrêt quelques jours avant le débarquement, vers une destination finale : les camps de concentration, après un long périple. Hélas tous ne pourront partir et 73 seront fusillés ce jour J du 6 juin.

4 juin 1944 : arrivé au camp de Royalieu à Compiègne le 20 mai. Puis plus tard, parcours traditionnel vers les camps de concentration, accompagné de son ami Boulot. La destination finale sera Neuengamme, près d’Hambourg. A l’arrivée sélection ou plutôt tri des déportés : file de gauche : aptes au travail, file de droite inaptes, donc gazés. Passage à la douche, vêtements de détenus, rayés noir et blanc. Affectation des détenus au baraquement « Block 12 », pour une mise en quarantaine de 400 détenus au lieu des 200 prévus.

2 juillet 1944 : départ pour le camp de Sachsenhausen, banlieue de Berlin, pour une durée d’un an, contribution à « l’effort de guerre allemand » : fabrication de pièces pour les chars que chacun sabote parfois sans être repéré sinon sanction suprême, vous aurez deviné !

25 & 26 avril 1945 : l’armée rouge progresse inexorablement vers celle de l’ ennemi. Les membres de cette dernière quittent le camp, connaissant le sort qui leur serait réservé. Une brèche s’est formée dans le mur donnant ainsi accès à un hangar agricole proche où les détenus trouveront quelques nourritures. Certains tenteront l’aventure, mais les 2 compères préfèrent passer la nuit au camp.

Le lendemain ils sont libérés par les Russes, à qui ils témoignent vigoureuse ment leur reconnaissance.

Enfin libres, les 2 Bernard et 6 autres camarades d’infortune prennent la route, direction la France. Un long voyage fatigant que doit supporter leur faiblesse physique. Ils le mèneront à terme, avec bien sûr des haltes repos ou ravitaillement. C’est sur ce chemin de retour qu’ils apprennent la fin de la guerre ce 8 mai.

5 juin 1945 : ils sont récupérés par les alliés et rapatriés en France à l’hôtel Lutetia à Paris, lieu d’accueil de tous les rescapés des camps.

Les 2 amis se séparent ensuite, car Bernard Boulot reste chez un de ses oncles parisiens. Bernard Duval prend le train pour Caen où il retrouvera sa famille. En descendant du train il croise le père de son ami Bernard, déçu que son fils soit resté à Paris.

Puis ce seront 6 longs mois pour recouvrer une bonne santé.

Enfin guéri après son retour, Bernard Duval ira témoigner auprès des scolaires, avec le concours des professeurs d’histoire.

Il voulait ainsi rendre hommage à ceux qui n’étaient pas revenus mais aussi tenir la promesse qu’il leur avait faite. Et cela dura 40 ans.

 

Avec le Président Macron le 5 juin dernier

 

                                devant la prison de Caen, lors du 80 ème anniversaire de la libération

 

Bernard DUVAL en mai / juin 2024

Il décède ce dernier 18 septembre.

 

Sources : site internet. Journal Sud-Ouest.

 

Notes :

     1°) arrêté le 19 novembre 1941 et exécuté le 9 mai 1942.

     2°) créé le 15 mai 1941 par le parti communiste français.

 

Un livre écrit à 80 ans.                                   

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