Mila RACINE
Elle est Myriam, née à Moscou le 14 septembre 1919. La deuxième enfant d’une famille juive dont le père est Georges HIRSCH, francisé en Racine, et la mère Berthe née Bassia. Une sœur cadette Sacha (1923) et un frère aîné Emmanuel (1911) complètent cette famille.
Fuyant le régime bolchevique de Staline, tout ce petit monde arrive avec gouvernante, valises, bijoux en 1925 à Paris, dans un grand appartement, au 97 rue de Rome (17 ème),
La défaite de 1940, les oblige à partir dans le sud de la France en camion, chargé de meubles et vaisselle, ainsi qu’une partie de la famille retrouvée à Paris. Après plusieurs étapes ils se fixent à Toulouse, puis finalement à Luchon. Sur place ils solliciteront leur communauté pour récolter des dons en nourriture destinés principalement au camp de Gurs. Plus tard s’installeront définitivement à Saint-Gervais les Bains.
Quant à Mila, son nouveau prénom moins dangereux, elle s’investit dans la résistance de janvier 1942 au 21 octobre 1943. Ses actions sont d’aider les détenus des camps de regroupement, tel celui de Gurs (Pyrénées-Atlantiques) et Annemasse ((Nice). Elle a pour responsable Tony Gryn (1920-1989), juif d’origine polonaise.
Mila fait partie de la WIZO (Women Internationale Zionist Organisation) et se rend donc dans les camps cités plus haut pour aides morales et matérielles.
1942 : Elle se trouve à Saint-Gervais (Haute-Saône) comme dirigeante d’un groupe local MJS (Mouvement Jeunesse Sioniste) spécialement créé pour l’aide aux juifs. Part à Annecy aider son frère Emmanuel dit « Mola »,le seul à être naturalisé,qui est impliqué dans une filière clandestine de passage en Suisse.
3 septembre 1943 : signature quasi secrète de l’armistice de Cassibile (Sicile, Italie) entre Alliés et Italiens. Officiellement le 8. Par conséquent les juifs vont pouvoir descendre plus au sud, vers Nice. Pendant ce temps Mila organise des convois vers Annemasse à destination de la Suisse.
Nuit du 21 octobre 1943 : son convoi de 32 enfants de 2 à 18 ans, un couple de personnes âgées et un autre avec un enfant, préparé avec Roland Epstein (1922-1997) français d’origine polonaise, est enfin prêt. C’est le départ.
Catastrophe : il est stoppé par la police à Saint-Julien en Genevoix (Haute-Savoie), à 200 m mètres de la frontière. Transfert à l’hôtel Pax (1) d’Annemasse, cellule 127, dont une partie sert de prison à la gestapo qui y siège. Cela met fin provisoirement à cette organisation clandestine (2) de passage de la frontière.
Les enfants seront libérés grâce à l’intervention de Jean Deffaugt, maire de la commune qui les confiera à une maison d’enfants proche. Il leur propose, à Mila et Roland Epstein, un plan d’évasion qu’ils refusent par peur de représailles sur les enfants.
La gestapo les envoie, fin 1943, à la prison Montluc de Lyon. Ils sont interrogés mais Mila a pour fausse identité Marie-Anne Richemond, elle n’est pas repérée comme juive sinon c’était le camp d’extermination. Les deux prisonniers sont dirigés vers Compiègne. Départ le 31 janvier 1944 pour le camp de Ravensbrück par le convoi I 175. Arrivée le 3 février, admise au block 13 et matricule tatoué : 27918.
Elle y reste peu, se porte volontaire pour la réparation des voies ferrées à Mauthausen « Amstettenten » (Bade Wurtemberg) le 7 mars 1945. Mais y décédera le 20 mars suivant après un bombardement anglais. Roland Erstein reviendra de la déportation.
Distinctions :
a) Médaille de la résistance (1946). Croix de Guerre 39/45, avec étoile d’Argent.
b) Portent son nom : Crèche à Tel-Aviv. Un parc à Annemasse.
c) Plaque commémorative au 97 de la rue de Rome
et dans le hall du lycée Racine à Paris (8ème) où elle fit ses études.
Notes :
1°) Klauss Barbie et son interprète Gottlieb Fuchs (Suisse Richat) y pratiquaient des interrogatoires musclés.
2°) sera reprise par Marianne Cohn, résistante Allemande 1922-1944 (massacrée)
un livre :
Sources : divers sites internet
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