Valérie André, s’est éteinte le 21 janvier 2025 à l’aube de sa 103ème année à Issy-les-Moulineaux. Pionnière, dont l’audace a façonnée l’histoire de notre armé. (Journal Solidarité militaire n° 800 de mars 2025 que je viens de recevoir)
Née le 21 avril 1922 à Strasbourg
Médecin militaire, aviatrice, parachutiste et pilote d’hélicoptère française.
Première femme à devenir officier général en France,
Elle achève sa carrière militaire avec les trois étoiles de médecin général inspecteur du Service de santé des armées.
Elle est également la troisième femme à être élevée à la dignité de grand-croix de l’ordre national de la Légion d’honneur et la première à être élevée à celle de grand-croix de l’ordre national du Mérite.
Elle est la femme militaire la plus décorée au monde.

Retour sur sa vie avec le dossier que j’ai réalisé lors de ses 100 ans
Général Valérie ANDRE
« Centenaire d’exception au service de la France »

Quel destin extraordinaire a vécu la générale Valérie André, pionnière de l’aviation médicale héliportée.
Née à Strasbourg le 21 avril 1922, Valérie André Valérie, adolescente est fascinée par le monde de l’aviation, en 1939, profite de la croissance de l’aviation populaire pour prendre des cours de pilotage à l’aéroclub de sa ville natale sur un avion Potez.
Quand la Seconde Guerre mondiale commence, elle doit quitter le cours.
Avec l’invasion allemande en mai-juin 1940, elle se rend à Clermont-Ferrand, où est transférée temporairement la Faculté de médecine de Strasbourg.
Lors de l’invasion de la zone sud par les Allemands, en novembre 1942 elle s’échappe et se réfugie clandestinement à Paris, car les autorités allemandes traquent les étudiants alsaciens pour les déporter en Allemagne.
Après la guerre, Valérie André obtient son diplôme de médecine de l’université de Paris pour l’année scolaire 1946-1947.
Elle consacre sa thèse, sous l’angle pathologique du parachutisme et avec enthousiasme, parce que, dit- elle : « c’est un sport qui fait appel aux ressources les plus profondes de l’être pour l’exécution d’un acte considéré comme antinaturel : le saut dans le vide, parce qu’il développe des qualités de calme, de sang-froid, de maîtrise de soi ; qu’il fait appel à l’esprit de camaraderie et développe l’esprit d’équipe, car si le saut est un acte purement individuel, la préparation à ce saut est un acte collectif ; enfin, que chaque saut est pour le parachutiste une victoire remportée sur lui-même ». Elle encadre médicalement une préparation militaire parachutiste et fait ses premiers sauts.

Puis elle suit un cours de vol à voile à Beynes et obtient son brevet de parachutisme au cours de l’année 1948, au moment où elle devient à la fois pilote et médecin militaire, des professions alors peu accessibles aux femmes en France (elle ne recevra un brevet de pilote militaire qu’en 2010).
Après avoir appris qu’elle possédait le brevet de parachutiste, ses supérieurs l’amènent à suivre le cours de chirurgien de guerre et à servir dans une zone frontalière entre l’Indochine et le Laos qui ne pouvait être atteinte que par parachutage.
Elle retourne en France pour obtenir la licence de pilote d’hélicoptère à l’école de vol de Pontoise. En Indochine en effet, elle s’était rendu compte à quel point des endroits isolés ou couverts par la forêt sont difficiles d’accès pour les avions du transport médical.

En 1948, à la suite d’une pénurie de médecins militaires, Léon Binet, doyen de la faculté de médecine de Paris propose aux étudiants qui le veulent de servir en Extrême-Orient. Elle saisit l’occasion et rejoint l’Indochine en tant que médecin militaire avec le grade de capitaine pendant l’hiver 1948-1949. Affectée au premier hôpital de Mỹ Tho, elle devient plus tard adjointe de neurochirurgie à l’hôpital de Saïgon.
De retour en Indochine, le 26 mai 1950, elle se spécialise dans le service d’évacuation médicale de pilotage des hélicoptères Hiller 360 et Sikorsky H-34 . Entre sa première mission, le 16 mars 1952, et son départ de l’Indochine en 1953, elle effectue 129 vols d’exploitation, assurant l’évacuation de 165 blessés vers des postes médicaux ou vers l’hôpital le plus proche.
Le 11 décembre 1951, elle participe à une mission d’évacuation immédiate de blessés de Tu Vu sur la rivière Noire. Le seul hélicoptère disponible, stationné près de Saigon, est partiellement démonté, puis transporté à bord d’un avion Bristol Freighter à Hanoï, où il est remonté. Il s’envole ensuite vers Tu Vu, malgré le brouillard et le feu antiaérien intense ; elle y soigne les blessés, évacués deux par deux à Hanoi.

Le 5 septembre 1953, elle est affectée au centre de vol expérimental de Brétigny-sur-Orge, qui fournit une assistance médicale aux équipages. Elle obtient la qualification pour la conduite du Morane-Saulnier MS.733 Alcyon, du Nord 1101 hélicoptères Djinn Aerospatiale et Sikorsky S-55, en participant à différents vols expérimentaux. Dans cette période, elle participe à la création du laboratoire de médecine aérospatiale.

De 1959 à 1962, elle sert en Algérie en tant que commandant adjoint du service médical à la base de Boufarik, puis en tant que commandant de l’hélicoptère de service de sauvetage stationné sur la base de Réghaïa, Oran. Devenue pilote d’hélicoptère d’activation Aérospatiale SA-318 Alouette II, puis Sikorsky H-34, en trois ans de service, elle effectue plus de 350 missions. En 1961, elle est nommée médecin-chef de l’ensemble de la base de Reghaïa. À la fin de la guerre en Algérie, elle revient en France et continue sa carrière d’officier du service de santé. Promue lieutenant-colonel en 1965 et colonel en 1970, elle est d’abord chirurgienne sur la base aérienne 107 Villacoublay, puis conseillère auprès du Commandement du transport aérien militaire (COTAM).


Le 21 avril 2022, elle célébrait son 100ème anniversaire dans les salons de l’Hôtel de Ville d’Issy-les-Moulineaux, en présence de son fils, de sa petite fille et de son neveu, André Santini.

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