Rafle de la rue Sainte-Catherine

Ce 9 février 1943, rue Sainte Catherine à Lyon (1er), vers 10 h, la gestapo lyonnaise investit un local au n° 12, puis se positionne devant, la rue étant bouclée.


Sont arrêtés 86 juifs qui devront être dirigés vers Drancy pour être ensuite transférés vers les camps d’extermination tels Auschwitz, Sobibor ou Bergen-Belsen. Trois personnes en reviendront ainsi qu’une jeune déportée de Drancy (voir n° 4) qui avait été mise dans une maison d’enfants. Elle témoignera au procès de Klaus Barbie.
Pourquoi à ce n° 12 de la rue Sainte-Catherine ? Parce qu’en 1943 s’y installa l’UGIF1 (Union Générale des Israélites de France), un lieu de rencontres et de décisions.
Ce bureau UGIF se compose de deux entités : la fédération des sociétés juives de France et le comité d’aide aux réfugiés allemands et autrichiens.
Son rôle autorisé ou non ! : trouver des hébergements à leurs homologues arrivant à Lyon, leur fournir de faux papiers, mise en relation avec des filières d’évasion, principalement la Suisse toute proche. Des sympathisants non juifs leur apportent leur aide.
Klaus Barbie, « le boucher de Lyon », voulait éradiquer cette structure. Il ordonne donc la capture de ses membres, mais de manière rusée. Les occupants du local sont d’abord arrêtés, mais aussi ceux qui s’y présentent, la gestapo ayant mis en place une « souricière »..

Loja RAPAPORT (une des raflées) en 1932

Ce seront 93 personnes ainsi raflées, 7 seront relâchées les 86 restantes, dont 28 français(e)s, se composent de 24 femmes et 62 hommes. Le 11 février ils sont incarcérés au Fort de Lamothe (Lyon, 7 ème), bien qu’à l’origine, la destination prévue, était la prison de Montluc…..pleine à craquer déjà ! !
Deux courageux vont réussir à s’enfuir : David LUKSEMBERG et Driller SIEGFIELD (né à Vienne le 16/09/1896), donc finalement ils ne seront que 84.
Deux autres personnes sont également arrêtées : Michel KROSKOF, juif mais porteur de faux papiers et se disant peintre et non juif. Le deuxième Victor SZULKLAPER usant du même scénario.
Complétons le tableau par Annette GRINSPIN avec son fils René 8 ans dans les bras, se disant alsacienne et qui s’en sortira, le petit René ayant pris peur et s’étant mis à crier, chose que ne supportait pas Klaus Barbie……..une âme sensible ! ! !
Cette femme témoignera lors du procès2 de Klaus Barbie en mai/juin 1987, procès à l’initiative de Serge KLARSFELD. Ce dernier ayant « épluché » les archives d’UGIF de New-York puis les ayant comparées aux registres des entrants de Drancy au 12 février. Ajoutant à ces précieux documents et preuves, l’ordre signé par Klaus Barbie.
Des survivants, oui : Armand STEINBERG 32 ans et Driller SIEGFIELD. Gilberte JACOB3 (épouse Lévy par la suite) et Malvine LANZET4 (épouse Kessler id), toutes les deux témoins au procès de Klaus Barbie5. Et enfin Rachmin SZULKLAPER6.

Roger BADINTER à l’inauguration de la plaque

Notes :
1°) créée par Vichy en 1941, sur l’ordre de l’occupant, pour regrouper toutes les associations de confession israélite.
2°) qui aura lieu du 11 mai au 3 juin 1987.
3°) 30 ans, née à Paris le 25 janvier 1913.
4°) 14 ans, en raison de son jeune âge, mise dans une maison d’enfants à Paris, libérée le12 juin 1943.
5°) arrêté par les Américains, ces derniers lui facilitèrent, en 1951, sa fuite en Bolivie, avec femme et enfants (2). Il obtiendra la nationalité bolivienne en 1957. Leur idée : l’utiliser comme espion ! ! ! ? Extradé de Bolivie en 1983.
6°) né le 2 septembre 1911 à Sosnowik (Pologne), décédé en 1984.
Des témoins au procès :
a) Léa KATZ 16 ans qui échappa par miracle à la gestapo lorsqu’elle s’y trouva confrontée.
b) Michel COJOT-GOLDBERG, sa mère l’empêcha d’aller rejoindre son père à ce n°12.
c) Eva GOTTLIEB, ses faux papiers la sauvèrent.

NB : Simon 47 ans, le père de Robert Badinter (alors âgé de 14 ans) sera dirigé vers Sobibor (Sud-Est de la Pologne et proche de l’Ukraine et Biélorussie).
Une plaque commémorative, rue Saint Catherine en 2019, et une avec tous les déportés.


Un livre de Serge Klarsfeld : « La rafle de la rue Sainte Catherine. »

Sources : divers sites internet.

 

Aller au contenu principal