« Quand ils ont emportés papa et maman »

récit d’une enfant de la shoah par Stéphanie RAMOS

 

C’était une nuit froide de janvier, et la maison était plongée dans un silence inquiétant. Je me souviens encore des bruits de pas lourds qui résonnaient dans le couloir. Les soldats sont arrivés sans prévenir, frappant à notre porte avec une telle force que les murs semblaient trembler. Maman m’a attrapée par la main, ses doigts tremblants trahissant sa peur. Elle m’a chuchoté de rester calme, mais je pouvais voir l’angoisse dans ses yeux.
Papa a ouvert la porte, essayant de garder son calme. Les soldats ont envahi notre maison, fouillant chaque recoin. Ils ont trouvé les papiers de Papa et ont commencé à poser des questions. Leur ton était froid et autoritaire. Maman a essayé de les raisonner, mais ils ne voulaient rien entendre. Ils ont ordonné à Papa de les suivre, et quand Maman a protesté, ils l’ont emmenée aussi.
Je me souviens de la dernière étreinte de Maman, de ses larmes silencieuses qui coulaient sur mes joues. Elle m’a dit de rester forte, de ne jamais perdre espoir. Papa m’a regardée une dernière fois, ses yeux remplis de tristesse et de résignation. Ils ont été emmenés dans un camion, et je suis restée seule, debout dans l’obscurité.
La maison est devenue un lieu de souvenirs douloureux. Chaque pièce me rappelait leur absence. Le fauteuil de Papa, où il aimait lire le journal, était vide. La cuisine, où Maman préparait nos repas avec amour, semblait froide et sans vie. Je me réfugiais dans l’écriture, remplissant des pages de mon journal avec mes pensées et mes souvenirs.
Chaque jour, j’espérais leur retour. Je priais pour leur sécurité, pour que cette guerre insensée prenne fin. Les nuits étaient les plus difficiles, le silence étant seulement interrompu par les bruits lointains des combats. Je me souvenais des histoires que Maman me racontait avant de dormir, des rires de Papa qui résonnaient dans la maison. Ces souvenirs étaient tout ce qu’il me restait.
Je savais que je devais rester forte, pour eux, pour moi. L’écriture était ma seule échappatoire, mon seul moyen de garder espoir. Je voulais croire qu’un jour, nous serions réunis, que nous pourrions vivre en paix. En attendant, je gardais leur amour dans mon cœur et je continuais à écrire, pour ne jamais oublier.

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