En Mémoire de notre Père
Ces strophes, c’est le geste choisi par André Cassard pour « fleurir » la tombe d’un Père qui a tant manqué à cette fratrie de Pupilles. Sous cette plume sobre et émouvante surgit la souffrance de tous ceux qui ont donné un Parent à la « Mère Patrie ».
Souffrance jamais éteinte, ravivée par notre avancée dans l’âge où les souvenirs affluent dans une période tourmentée où les valeurs patriotiques sont piétinées
Souffrance de devoir encore et toujours « quémander » reconnaissance et réparation alors que notre statut de Pupilles adoptés par la Nation est devenu pour nous le « Statut des Oubliés de la Nation ».
Merci André pour tous les symboles salués dans cet écrit !
Christiane Dormois Présidente de la Délégation FNAPOG Doubs
OUZOUER – SUR – LOIRE
Quatre vingts ans déjà à Ouzouer-sur-Loire
A peine lisible sur le livret militaire
Que maman nous cachait à clef dans son armoire
On cherche la vérité sur ce lieu naguère
On se pose des questions, on fait des recherches
Pupilles de la Nation, Orphelins de guerre
La FNAPOG nous assiste à être reconnus
Mais Ouzouer-sur-Loire, où est ce sanctuaire ?
Du latin « Oratoire » à bon, c’est religieux ?
Que faisait notre Père éloigné du Haut-Doubs ?
Un dix-sept juin quarante, avançant sur la Loire
Chargé du havresac en guise de survie.
Une marée humaine avance sur le sud
Que l’ennemi harcèle en toute cruauté
Les militaires fuient cet occupant barbare
Un rouleau compresseur qui avance en vainqueur
L’occupation dans la confusion, le désordre
Les avions allemands survolant le Loiret
Pour viser, bombarder tous les points névralgiques
On pilonne les ponts et tous ces pauvres gens
Orléans est en feu, les frappes se succèdent
Sur ce sol piétiné en vagues successives
Un défilé sans fin en ces temps difficiles
Cherche à gagner le Sud par les ponts ligériens.
Les soldats débandés cherchent ce pont routier
De Sully-sur-Loire après Ouzouer-sur-Loire
Débâcle militaire traquée par l’ennemi
Ce lundi dix-sept juin, défaite sans appel.
Des soldats capturés dont notre cher Papa
Le 17 juin quarante à Ouzouer-sur-Loire
Amnistie accepté demandé par Pétain
Quel étrange carnage est cette guerre éclair !
Un lieutenant tué à l’ennemi par balles
Jacques de Lamotte était en reconnaissance
Même lieu, même jour, quarante ans, deux enfants
Inhumé à Voray-sur-l’Ognon Haute Saône
Les prisonniers de guerre attendent leur départ
Et seront embauchés pour servir de main d’œuvre
Puis la déportation dans un camp allemand
Appelé Stalag, le temps de l’occupation
La résistance ou bien la collaboration ?
Avec Pétain, c’est l’armistice et Vichy
Avec De Gaulle, c’est la résistance à Londres
Des millions de français déplacés par l’exode.
Transféré Outre-Rhin à l’automne quarante
Notre parent fut interné à Nuremberg
Prisonnier éloigné dans un lieu retranché
Sous garde rapprochée de l’armée allemande.
Vivre en captivité, des baraques en bois
Sous haute surveillance, fil de fer barbelé
Des promesses de sorties ou de permissions
N’étaient jamais tenues car toujours travailler (arbeiten)
Avril quarante cinq, arrivent les alliés
La ville est libérée, les prisonniers aussi
Papa est comblé de joie le vingt cinq avril
Rentre en France le onze mai puis son Doubs natal
Cinq ans de détention, cinq ans de privation
C’est la libération, retrouver ceux qu’on aime
Le corps a trop souffert, Maladie incurable
Papa dévoué nous quitte sept ans après
Maman et cinq enfants, la vie sera plus dure
Tu es « mort pour la France », sans jamais t’oublier
Poursuivons le chemin sur ton sillon d’amour
Nous, orphelins de guerre, oubliés de l’histoire.
André CASSARD
(ISSOUDUN)
26 septembre 2020
Ces quelques lignes, en mémoire de notre père et pour transmettre l’Histoire.
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