L’endroit porte un nom de circonstance. Il s’appelle Le Trou au Loup. Situé sur la commune de Morre, près de Besançon dans le Doubs, il accueille une stèle portant 18 noms, les 18 morts du Groupe de reconnaissance des divisions d’infanterie (52e GRDI) d’Auch, tombés le 18 juin 1940 lors d’un combat héroïque. La veille ? Le maréchal Pétain a commis sa première grande trahison connue. Il a exhorté les troupes à « cesser le combat » alors qu’aucuns pourparlers d’armistice n’ont été engagés, offrant ainsi, de fait, des centaines de milliers d’hommes à l’Allemagne qui les fait prisonniers. Mais d’autres continuent à se battre courageusement…

Ainsi au Trou au Loup, donc, où durant sept heures 190 soldats français accrochent une colonne de 300 blindés allemands, la bloquent et ne se rendent qu’encerclés et à cours de munitions. « Le courage de ces héros a forcé l’admiration de la population franc-comtoise, ainsi qu’en témoigne notamment la stèle érigée sur place, et aujourd’hui, nous sommes quatre passionnés d’histoire qui veulent raconter plus en détail cet événement, dans un livre consacré à la commune de Morre à paraître au printemps 2019 », explique Jean-Claude Bouverot, au téléphone.

Courage et résistance méconnus

Mais pour ce faire, les auteurs ont donc besoin de témoignages et ils sollicitent donc les familles des combattants ou quiconque a été proche d’eux. Ils sont ainsi en quête de documents et en particulier de photographies concernant le lieutenant-colonel Soubirou (1885-1980), les capitaines de Seynes et Faucillon, les lieutenants Fleurian, Gardaix, Cadart, Sirven et Chatillon, le maréchal des logis Rebuffo et, bien sûr, de tout témoignage, de toute image concernant les sous-officiers et soldats ayant participé à ce combat qui vient aujourd’hui rappeler qu’en juin 1940, les Français se sont battus, enregistrant même des pertes terribles.

100 000 morts en cinq semaines, soit deux à trois fois plus que les pertes moyennes durant un temps équivalent durant la Première guerre mondiale : contrairement à l’image de débâcle morale d’un peuple, voulue et imposée ensuite par la propagande pétainiste qui tenait à faire endosser la déroute de la France aux citoyens-soldats afin de discréditer la République et exonérer de leur faillite, voire pire, les généraux cautionnés par Pétain dans le commandement, des régiments entiers se sont sacrifiés dans les Ardennes, la Somme, ont pris et repris près de vingt fois Stonne et Rethel, ou se sont retirés invaincus dans les Alpes ou sur l’Aisne, avec la division de Lattre. L’histoire des Auscitains du 52e GRDI, leur résistance et leur sacrifice le jour d’un fameux « Appel » qu’ils ne pouvaient ni attendre ni entendre, témoigne aussi de cet aspect occulté de la campagne de France.

PIERRE CHALLIER 

Contact : 03 63 87 70 65 ou 06 63 08 36 57, mail : bouverot.jean-claude@neuf.fr

Appel à témoins

Cette photo d’anciens 52e GRDI date de 1957. Les deux seuls acteurs du fait d’armes du 18 juin 1940 qui ont pu être identifiés par les auteurs de ces recherches conduites dans le Doubs sont : Jean Ramondou, au dernier rang (le troisième à partir de la gauche) et le capitaine Henri du Puy de Goyne, au premier rang (le 2e à partir de la gauche). Le colonel Soubirou pourrait être la personne la plus âgée sur le deuxième rang à gauche. Figureraient aussi MM. Sirven, Florian et Martinetti. Appel est donc lancé aux lecteurs de La Dépêche pour savoir s’ils reconnaissent des proches sur cette photo ou s’ils ont des documents d’époque, lettres, carnets, photos, sur cette unité

 

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